Hayao Miyazaki : Sa biographie
1941-1963 : Son enfance et ses études
Hayao Miyazaki est né le 5 janvier 1941 à la maternité de l'arrondissement de Bunkyô à Tôkyô. Il est le deuxième des quatre fils de la famille. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père (Katsuji Miyazaki, né en 1915 et décédé en 1993) dirige l'entreprise familiale « Miyazaki Airplane », qui est alors la propriété de l'oncle de Miyazaki. L'entreprise fabrique des gouvernails pour les avions de chasse Zéro qui ont sévi pendant la Seconde Guerre mondiale. Fasciné par ces avions, Hayao développe, dès l'enfance, une passion dévorante pour les engins volants qui ne le quittera jamais.
En 1944, la famille Miyazaki est évacuée vers des districts plus en sécurité. Elle s'installe dans la ville d'Utsunomiya (préfecture de Tochigi) pour quelques années. De 1947 à 1952, Hayao fréquente 3 écoles différentes. Il suit les trois premières années du cycle inférieur à l'école d'Utsunomiya. Ensuite, il effectue la 4ᵉ année du cycle dans l'école élémentaire Ômiya (située dans l'arrondissement de Suginami, Tôkyô). Enfin, sa famille étant retournée habiter à Suginami, sa 5ᵉ année se déroule à la toute nouvelle école élémentaire Eifuku.
En 1947, la mère d'Hayao tombe malade et doit garder le lit pendant 9 ans, suite à une tuberculose spinale. Certains critiques ont immédiatement fait le rapprochement entre cet événement dans la vie d'Hayao et l'histoire de Mon voisin Totoro, où la mère de Mei et Satsuki est également en convalescence.
Entre 1953 et 1955, Miyazaki continue à suivre les cours de l'école Eifuku (où il obtient son diplôme) pour ensuite être admis au collège Ômiya. De 1956 à 1958, le jeune homme fréquente le lycée Toyotama, un lycée public. C'est pendant cette période que Miyazaki développe son intérêt pour le manga et l'animation. Il est notamment fasciné par le premier long métrage couleur distribué au Japon, Hakujaden (Le serpent blanc), dirigé par Taiji Yabushita et produit par le studio Tôei Dôga en 1958. Miyazaki décide de devenir artiste et il commence à dessiner, principalement des avions et des bateaux militaires. Il se sent alors incapable de dessiner des personnages.
Sur la période allant de 1959 à 1962, Miyazaki réussit ses études à Toyotama. Il entre alors à l'université Gakushûin. Il découvre qu'il n'y a pas de club de manga et se rabat sur le club de littérature pour enfants (dont il sera parfois l'unique membre). Souhaitant devenir mangaka, il dessine beaucoup et tente d'approcher quelques éditeurs. En 1963, il obtient un diplôme en économie, avec une spécialisation dans « La théorie de l'industrie japonaise ».
1963-1970 : La période Tôei Dôga
Ses études terminées, Hayao Miyazaki trouve un emploi en avril 1963 à la Tôei Dôga (ancien nom de Toei Animation). Après 3 mois d'apprentissage, il est nommé intervalliste. La première œuvre sur laquelle il collabore est Wanwan Chûshingura (Le trésor des loyaux serviteurs canins), après quoi, il est intégré dans l'équipe travaillant sur Ôkami Shônen Ken (Ken, l'enfant-loup), la première série TV de la Tôei.
Peu de temps après son arrivée à la Tôei, des problèmes entre syndicats et dirigeants de la société éclatent, et Miyazaki est chargé de défendre les revendications des animateurs. C'est ainsi qu'en 1964, il est nommé secrétaire en chef du syndicat des employés de la Tôei Dôga, dont Isao Takahata est le vice-président.
L'année 1964 est aussi celle de sa rencontre avec Akemi Ôta, une collègue qui devient sa femme en octobre 1965.
Akemi Ôta et Hayao Miyazaki à l’époque de la Tôei Dôga.
Durant l'année 1965, Miyazaki travaille sur Garibâ no Uchû Ryokô (Les voyages spaciaux de Gulliver). Toujours en 1965, il est promu animateur clé pour la série Shônen Ninja Kaze no Fujimaru (Fumijaru du vent, le petit Ninja) et travaille avec Takahata sur Hassuru Panchi (Hustle Punch / Punch, le bagarreur).
Fin 1965, voyant le succès grandissant des séries TV (on est alors en pleine époque de l'arrivée de la télévision dans les foyers), Miyazaki considère la réalisation de Taiyô no Ôji : Horusu no Daibôken (Horus, prince du soleil) comme la dernière chance de travailler sur un long métrage. Il se porte alors volontaire sur le projet et promet à Takahata de l'aider à faire aboutir ce long métrage. Il occupera les fonctions de concepteur scénique et d'animateur clé. Pendant cette période, Miyazaki travaille également comme animateur clé sur quelques épisodes de Reinbô Sentai Robin (Robin, brigade de l'arc-en-ciel) et de Mahôtsukai Sarii (Sally, la sorcière).
Horus, prince du soleil sort sur les écrans le 21 juillet 1968. L'échec commercial du film affecte Miyazaki qui se réfugie dans le travail d'animation du long métrage Nagagutsu wo Haita Neko (Le chat botté). Il assure la réalisation de la course-poursuite dans le château qui marque le climax du récit.
En 1969, Miyazaki et Akemi travaillent ensemble, comme ils l'avaient déjà fait pour Le chat botté, sur Sora Tobu Yûreisen (Le vaisseau fantôme volant). Le couple donne naissance à 2 fils : le premier, Gorô, est né en janvier 1967, le second, Keisuke, en avril 1969. Après la seconde naissance, toute la famille part s'installer à Ôizumi-gakuen (arrondissements de Nerima, Tôkyô). Sa femme quitte son travail pour élever les garçons.
Fin 1969, Miyazaki travaille sur des épisodes de la première série de Himitsu no Akko-chan (Le secret de la petite Akko). Il fait aussi ses débuts dans le manga avec Sabaku no Tami (Le peuple du désert), qui parait de septembre 1969 à mars 1970 dans Shônen Shôjo Shinbun, sous le pseudonyme de Akitsu Saburô. En 1970, la famille déménage à nouveau pour s'installer à Tokorozawa, dans la préfecture de Saitama.
Miyazaki participe en 1970 et 1971 au film Dôbutsu Takarajima (Les joyeux pirates de l'île au trésor), adaptation du célèbre roman de Robert Louis Stevenson. Comme pour Horus, prince du soleil, il occupe les postes de concepteur scénique et d'animateur clé.
1971-1978 : Des studios A Production à Nippon Animation
Après avoir travaillé sur le film Aribaba to Yonjuppiki no Tôzoku (Ali Baba et les quarante voleurs), Hayao Miyazaki quitte la Tôei Dôga et rejoint Isao Takahata et l'animateur Yôichi Kotabe au studio A Production. Il commence par travailler sur le projet Nagakutsushita no Pippi : Sekai Ichi Tsuyoi Onna no Ko (Fifi Brindacier). Il fait un voyage en Suède avec Yutaka Fujioka (président de Tokyo Movie) pour essayer d'obtenir les droits auprès d'Astrid Lindgren, la créatrice de Fifi, mais leur démarche échoue. La série ne se réalisera pas, néanmoins les repérages et recherches effectués seront utilisés dans Panda, petit panda, Heidi et même plus tard pour Kiki, la petite sorcière.
En 1972, après avoir participé à la mise en scène de plusieurs épisodes de la première saison de Rupan Sansei / Lupin III (Edgar de la cambriole) et à quelques autres projets avortés, Miyazaki tient un rôle important dans la création du moyen métrage Panda Kopanda (Panda, petit panda) réalisé par Takahata. En plus d'être animateur clé, il signe le scénario et assure la direction graphique. Le film, considéré comme un précurseur de Mon voisin Totoro, est un succès au point que toute l'équipe a été reconduite pour réaliser une suite l'année suivante : Panda Kopanda : Amefuri Sâkasu no Maki (Panda, petit panda : jour de pluie au cirque).
En juin 1973, Miyazaki et Takahata, accompagnés par Kotabe, quittent A Production pour Zuiyô Pictures. Le trio travaille alors la série Arupusu no Shôjo Haiji (Heidi), première des séries qui formeront le cycle annuel des Sekai Meisaku Gekijô, ou World Masterpiece Theater (« Les œuvres classiques du monde entier »). Takahata en est le réalisateur, Kotabe le directeur de l'animation et Miyazaki le concepteur scénique et directeur graphique. À cette occasion, il fait un voyage en Suisse pour s'inspirer des paysages. Sur Heidi, Miyazaki devient véritablement les bras, les jambes et les yeux de Takahata (« le réalisateur qui ne dessine pas ») sur la totalité des 52 épisodes et apprendra beaucoup sur le métier de metteur en scène.
Isao Takahata et Hayao Miyazaki à Zurich en Suisse,
lors du voyage de repérage pour la série TV Heidi en 1973.
En 1975, Miyazaki repart en voyage en Italie et en Argentine pour préparer Haha wo Tazunete Sanzenri (Marco / 3 000 lieues en quête de mère), également réalisé par Takahata. C'est au sein de Nippon Animation, nouvellement formé avec le studio et l'équipe de Zuiyô Pictures, que Miyazaki travaillera sur cette nouvelle série. Il occupe les mêmes fonctions que pour Heidi.
En 1977, après une petite intermède en tant qu'animateur clé sur plusieurs épisodes de la série Araiguma Rasukaru (Rascal), Miyazaki commence à travailler sur ce qui sera sa première expérience en tant que réalisateur : Mirai Shônen Konan (Conan, le fils du futur). Il demande à Yasuo Ôtsuka, avec qui il avait étroitement collaboré chez A Production, de venir l'aider en tant directeur de l'animation. La série sera produite et diffusée en 1978. C'est la première série animée de la NHK avec des épisodes de 30 minutes. Cette durée inhabituelle et le niveau d'exigence de Miyazaki obligent l'équipe à travailler d'arrache-pied pendant les 7 mois de production de la série.
1979-1984 : Le tournant
En 1979, Miyazaki travaille sur la dernière série du cycle World Masterpiece Theater, Akage no An (Anne, la maison aux pignons verts), de nouveau réalisé par Takahata. Il occupe le même poste que pour Heidi et Marco, mais sur les 15 premiers épisodes seulement, car il quitte Nippon Animation pour Telecom Animation pour un autre projet.
En effet, 1979 est surtout l'année de la réalisation de son premier long métrage, Rupan Sansei : Kariosutoro no Shiro (Le château de Cagliostro), fondé sur le personnage Lupin III, créé par Monkey Punch. En plus de la réalisation, Miyazaki écrit le scénario et dessine le storyboard. Il confie de nouveau la direction de l'animation à Yasuo Ôtsuka, d'autant plus que ce dernier avait été un pilier de la première série Lupin III. Le long métrage sort au cinéma le 15 décembre et remporte un succès d'estime.
En 1980, Miyazaki enchaîne sur la réalisation des épisodes 145 et 155 de la deuxième saison de la série Lupin III, Shin Rupan Sansei, sous le pseudonyme de « Telecom ». Il aide également à former les animateurs fraichement embauché à Telecom Animation. C'est à cette époque que Miyazaki a commencé à dessiner des croquis pour des projets qui ne se concrétiseront que des années plus tard par la réalisation de Mon voisin Totoro et Princesse Mononoke.
En 1981, Miyazaki participe à la préproduction du long métrage Nimo (Nemo), co-production américaine et de la série Meitantei Hômuzu (Sherlock Holmes), co-produite avec la chaine de télévision italienne RAI. À ce titre, il effectuera des voyages aux Etats-Unis et en Italie. Le projet Nemo n'aboutira pas dans la forme prévue initialement et aussi bien Miyazaki que Yoshifumi Kondô et plus tard Isao Takahata quitteront la production. En août de la même année, Animage publie sous l'impulsion de son rédacteur en chef Toshio Suzuki (rencontré pendant la réalisation du Château de Cagliostro) son premier numéro consacré à Miyazaki, ce qui aidera à forger un lien solide entre Miyazaki et les éditions Tokuma Shoten. Dans un premier temps, pourtant, les dirigeants de Tokuma Shoten refuse toutes les proposition de films que leur soumet le jeune réalisateur.
Au chômage depuis quelques mois, Miyazaki commence alors l'écriture de Kaze no Tani no Naushika (Nausicaä de la Vallée du Vent), manga épique dont l'écriture s'étalera entre 1982 et 1994. Au même moment, il reprend du service à Telecom Animation pour participer à la création des quatre premiers épisodes de Sherlock Holmes (Miyazaki en réalisera six en tout).
Le manga Nausicaä, publié chez Animage, remporte un certain succès dès les premières publications et Tokuma Shoten décide de donner une chance à une adaptation animée. Miyazaki quitte alors Telecom Animation pour se consacrer à ce projet et impose son ami Takahata comme producteur. Au mois de mai 1983, Miyazaki est nommé réalisateur du film et le studio Topcraft est choisi comme studio de production. La publication du manga est suspendue à partir de juin, mais ce même mois, Animage Bunko publie un roman graphique de Miyazaki intitulé Shuna no Tabi (Le voyage de Shuna).
1985-1997 : L'aventure du studio Ghibli
La production du film Nausicaä de la Vallée du Vent s'achève en mars 1984 et le film remporte un succès inespéré. En avril 1984, Hayao Miyazaki et Isao Takahata ouvrent leur propre bureau à Tôkyô avec la fondation de la société Nibariki (qui signifie « deux chevaux », en référence à la fameuse Citroën 2 CV). De juillet 1984 à avril 1985, il profite donc de son temps libre pour reprendre l'écriture sur son manga Nausicaä.
En 1985, le studio Ghibli, filiale de Tokuma Shoten, est fondé à Kichijôji (un quartier de la ville de Musashino à Tôkyô) pour produire la prochaine réalisation de Miyazaki, Tenkû no Shiro Rapyuta (Le château dans le ciel). Tôru Hara, directeur du studio Topcraft, est transféré et nommé directeur du studio Ghibli. Au mois de mai, Miyazaki se rend au pays de Galles pour préparer le long métrage. Le château dans le ciel sort en août 1986, mais les résultats sont décevants.
En 1987, Miyazaki produit et aide au financement du documentaire Yanagawa Horiwari Monogatari (L'histoire du canal de Yanagawa) sur la ville de Yanagawa, connue pour son réseau de canaux, et réalisé par Takahata. Il se remet également à l'écriture de Nausicaä pendant 6 mois avant de commencer à travailler sur son nouveau chef-d'œuvre, Tonari no Totoro (Mon voisin Totoro), qui sort en 1988. Le personnage de Totoro devient l'emblème du studio Ghibli.
De mars à mai 1989, Miyazaki, alors en pleine production de son prochain long métrage, publie le manga sur lequel sera basé son long métrage Porco Rosso, Hikôtei Jidai (L'ère des hydravions), chez le magazine de modèles réduits Model Graphix. En août 1989, sort sur les écrans Majo no Takkyûbin (Kiki, la petite sorcière), premier grand succès pour Miyazaki et qui permet pour la première fois au studio de s'autofinancer. Pendant une année, l'actualité « anime » de Miyazaki se fait plus calme. Il en profite pour continuer l'écriture de Nausicaä et produit néanmoins le long métrage Omohide Poroporo (Souvenirs goutte à goutte) de son ami Takahata.
En juillet 1992, sort Kurenai no Buta (Porco Rosso) qui est de nouveau un grand succès. Miyazaki supervise la construction d'un nouveau bâtiment pour le studio Ghibli dont il a lui-même dessiné les plans. Pendant cette période, il réalise et co-réalise plusieurs publicités, Sora-iro no Tane (La graine bleu ciel) et Nandarô (Qu'est-ce que c'est ?), pour la chaine de télévision japonaise NTV.
Entre mars 1993 et mars 1994, Miyazaki achève l'écriture de son manga Nausicaä, tout en assurant la production de Heisei Tanuki Gassen Ponpoko (Pompoko) de Takahata. Il commence ensuite à travailler sur ce qu'il pense alors être son projet le plus risqué, Mononoke-hime (Princesse Mononoke). Victime du syndrome de la page blanche, il réalise en 1995 un clip de 6 minutes, On Yua Mâku (On Your Mark), qui accompagne la sortie du long métrage Mimi wo Sumaseba (Si tu tends l'oreille) de Yoshifumi Kondô, dont il a écrit le scénario et qu'il produit.
La production de Princesse Mononoke démarre en avril 1995. Pour respecter les délais, Miyazaki s'investit comme jamais : il dort quatre à cinq heures par nuit, constamment assisté d'un acupuncteur qui veille sur sa santé. À la sortie du film, Miyazaki, épuisé, déclare qu'il met un terme à sa carrière. L'annonce fait l'effet d'une bombe et la sortie de Princesse Mononoke est un évènement : le film devient rapidement le plus gros succès cinématographique de tous les temps au Japon (il sera dépassé quelques mois après par Titanic de James Cameron), succès qui se répète lors de la sortie du film en vidéo. L'avenir du studio Ghibli semble définitivement assuré.
1997-2013 : L'après Princesse Mononoke
Après Princesse Mononoke, le jeune retraité Miyazaki s'investit dans plusieurs projets éloignés de la réalisation. D'abord, il crée et dirige un atelier pour former des réalisateurs de films d'animation. Ensuite, il se fait construire son propre petit studio, une maison tout en bois à coté du studio principal, qu'il nomme Butaya (« la maison du cochon »). Selon ses propres termes, elle doit lui servir de « maison de retraite ». Enfin, il dessine les plans d'un musée d'art qu'il veut ouvrir dans le parc Inokashira de Tôkyô. Les travaux démarreront en mars 2000 et Miyazaki inaugurera le musée Ghibli en octobre 2001. Entre fin 2001 et 2002, ce sont quatre courts métrages réalisés par Miyazaki qui y seront projetés (dont l'un dans l'unique cadre de l'exposition temporaire Laputa, le château dans le ciel et les machines de science-fiction imaginaires de 2002).
Suite au décès prématuré de Yoshifumi Kondô qu'il considérait comme son successeur, Miyazaki revient sur l'annonce de sa retraite et revient au studio Ghibli pour s'atteler à un nouveau projet de long métrage intitulé Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro). Lorsque le film sort en juillet 2001, c'est de nouveau un véritable triomphe, le film battant tous les records du box-office japonais et assurant au réalisateur une reconnaissance mondiale, avec de nombreux prix remportés (Ours d'or au Festival de Berlin, Oscar du meilleur film d'animation...). Miyazaki effectue une tournée internationale pour assurer la promotion du film.
Hayao Miyazaki remporte l'Ours d'or au Festival international du film de Berlin.
Après la production en 2002 de Neko no Ongaeshi (Le Royaume des chats), réalisé par le jeune Hiroyuki Morita, Miyazaki se voit contraint de reprendre le projet abandonné par un autre jeune réalisateur, Mamoru Hosoda (futur réalisateur de La traversée du temps ou encore Les enfants-loups, Ame et Yuki), d'adapter le roman de Diana Wynne Jones, Howl's Moving Castle. Le film Hauru no Ugoku Shiro (Le château ambulant) sort en novembre 2004 et est un nouveau raz-de-marée au Japon. La carrière internationale du film permet d'attirer de nombreux autres spectateurs et permettra à Miyazaki de figurer dans la liste des 100 personnes les plus influentes du monde dans l'édition du 18 avril 2005 de Times Magazine.
À ce moment-là, il n'est plus question pour Miyazaki de prendre sa retraite. Véritable bourreau de travail, il réalise en 2005 plusieurs nouveaux courts métrages destinés au musée Ghibli. Début 2006, il refait un voyage, cette fois en Grande-Bretagne pour y effectuer des recherches sur la nouvelle de Robert Westall, Blackham's Wimpy. Il publiera un essai sur cette œuvre en octobre, incluant un manga intitulé Westôru Gensô - Tainmasu he no Tabi (Illusions de Westall - Une excursion à Tynemouth). D'avril 2006 à juin 2008, il réalise son dixième long métrage, Gake no Ue no Ponyo (Ponyo sur la falaise). En 2009, il supervise le long métrage Karigurashi no Arietti (Arrietty, le petit monde des chapardeurs) réalisé par le jeune réalisateur Hiromasa Yonebayashi. Cette même année, il inaugure le centre Ghibli Nishi (Ghibli Ouest) au siège de la Toyota Motor Corporation (préfecture d'Aichi) pour héberger un programme de formation accéléré pour les nouveaux embauchés du studio Ghibli. Il y donne personnellement des cours.
Fin 2010, il se lance dans un nouveau film à gros budget, Kaze Tachinu (Le vent se lève). Son film le plus personnel sera finalement son dernier. En effet, lors de l'édition 2013 du Mostra de Venise où son film est en lice pour le Lion d'or, Miyazaki annonce à la surprise générale qu'il arrête le cinéma, pour de bon cette fois. Il ne réalisera plus de longs métrages, mais veut continuer à travailler plus librement : « Je souhaite œuvrer au moins dix ans de plus. (...) Je vais être libre. Toutefois, tant que je pourrai prendre ma voiture pour aller au studio, j'irai. Ce que je voudrai faire, je le ferai. ».
Conférence de presse lors de laquelle Hayao Miyazaki a annoncé sa retraite en tant que cinéaste.
2013-2016 : Une courte retraite
Sa retraite actée en septembre 2013, dès la fin de cette même année, Hayao Miyazaki se lance tout d’abord dans la création d’un nouveau manga. Intitulé Teppô Samurai, il doit être consacré à Hiruko Hachirôta, samouraï au fusil, dans le Japon de l'époque Sengoku (milieu du XVᵉ siècle à la fin du XVIᵉ siècle).
Mais au détour d’un entretien en avril 2015, on apprend que Miyazaki a finalement arrêté de travailler sur ce projet depuis un moment et que son travail n'a jamais repris.
Hayao Miyazaki au travail sur son manga abandonné Teppô Samurai.
L’abandon de la réalisation de longs métrages lui permet aussi de s’impliquer davantage dans la création des expositions temporaires du musée Ghibli. Ainsi, pour les expositions Kurumi Wari Ningyô to Nezumi no Ôsama-ten (Casse-Noisette et le roi des souris, 2014/2015) et Yûrei-tô e Yôkoso-ten (« Bienvenue dans la tour fantôme », 2015/2016), ils multipliera dessins préparatoires et planches de mangas.
Miyazaki se lance ensuite dans la réalisation d'un court métrage pour le musée Ghibli intitulé Kemushi no Boro (Boro la chenille). Le projet sera entièrement généré par ordinateur. L’information, étonnante, est révélée par son fils ainé, Gorô, au détour d’un entretien en juin 2015. Il expliquera que son père aura mûri un intérêt pour le numérique en voyant les premières images de sa série hybride 2D/3D Sanzoku no Musume Rônya (Ronya, fille de brigand).
Boro la chenille, un projet de réalisation datant du milieu des années 1990, va alors témoigner de l’attente exacerbée du public pour chaque nouveau projet, même mineur, du maître depuis l’annonce de sa retraite. La production du film sera scrutée et disséquée par le documentaire Owaranai Hito Miyazaki Hayao (Never-Ending Man: Hayao Miyazaki à l’international) diffusé fin 2016 à la TV japonaise.
Une production longue et vraisemblablement chaotique reportera plusieurs fois la sortie du court métrage qui sera finalement projeté dans la salle de cinéma Saturne du musée Ghibli en mars 2018. L’importance laissée à l’utilisation des images de synthèse dans le film sera au final minime.
2016 : Le retour à la réalisation d’un long métrage
En novembre 2016, Hayao Miyazaki surprend à nouveau tout le monde en annonçant une fois encore vouloir réaliser un nouveau long métrage en animation traditionnelle. Peut-être afin de ne pas rester sur sa mauvaise expérience de l’animation 3D, mais surtout par ennui, il annonce sortir de sa retraite. À nouveau.
Le producteur Toshio Suzuki n’entend pas le laisser faire aussi facilement et ne donnera son feu vert au projet qu’à la condition qu’il en vaille la peine. L’accompagnateur privilégié de la majeure partie de la filmographie du réalisateur ne souhaite pas le voir finir sa carrière sur un dernier projet en demi-teinte.
Le producteur laisse un temps planer le doute et annonce finalement que le film est entré en production. À cette occasion, Suzuki sort lui aussi de sa retraite pour le produire. Et pour cela, le studio Ghibli se restructure et rouvre son département de production en août 2017. Il doit engager massivement de nouveaux collaborateurs, une grande partie des anciens collaborateurs du studio ayant été emmenée par le producteur Yoshiaki Nishimura lors de la fondation du nouveau studio Ponoc.
En octobre 2017, Miyazaki révèle le titre de son film : Kimi-tachi wa Dô Ikiru ka ? (littéralement, Et vous, comment vivrez-vous ?). Il s’agit là d’un emprunt au titre du roman du même nom datant de 1937 du journaliste, traducteur, éditeur et auteur de littérature pour enfants Genzaburô Yoshino (1899-1981).
La date de sortie reste incertaine, la production avançant lentement en tâtonnant. Un temps programmé pour pouvoir sortir au même moment que les Jeux olympiques de Tôkyô, finalement ajournés, de 2020. On parle ensuite plus plausiblement d’une date de sortie, au mieux, en 2021, ou en 2022.
C'est finalement le 14 juillet 2023, soit quasiment 10 ans jour pour jour après l'ultime film (le pensait-on) du réalisateur, Le vent se lève, que le film sort au Japon.
Sources : Animeland hors-série n° 3 - Starting Point 1979-1996 de Hayao Miyazaki