Mis à jour : lundi 19 février 2024

Hayao Miyazaki : Ses influences

Pendant sa carrière Hayao Miyazaki a fait part de son admiration pour certains artistes et certaines œuvres. Voici ses principales influences.

Osamu Tezuka

À ses débuts, Hayao Miyazaki voulait dessiner des mangas. À l'époque, le jeune Osamu Tezuka devenait une star avec son manga La nouvelle île au trésor. Il avait déclenché une vague d'enthousiasme pour ce médium qui ne manqua pas d'inspirer le petit Hayao. Mais jamais satisfait de ses travaux, ce dernier prit la résolution de se débarrasser de l'influence du « Dieu du manga » pour trouver sa propre voix.

Hakujaden (Le serpent blanc)

L'intérêt de Hayao Miyazaki pour l'animation a été attisé par sa découverte, à l'âge de 17 ans, du film d'animation réalisé par Taiji Yabushita. Le film l'a tellement ému qu'il en a pleuré toute la nuit : « Je dois vous faire une confession embarrassante : je suis tombé amoureux de l'héroïne d'un dessin animé. Mon âme était ébranlée. Je ne sais pas si c'était lié à mon état dépressif à cause des examens d'entrée à l'université, ou parce que c'était une histoire à l'eau de rose, mais la rencontre avec Le serpent blanc a fait forte impression sur le jeune homme que j'étais. Ce film m'a notamment convaincu, qu'au Japon aussi, il était possible d'exprimer beaucoup de choses par le biais de l'animation. Pour moi, la vision du Serpent blanc a été une expérience intense. »
Le serpent blanc occupe une place privilégiée au panthéon des films produit par la Tôei Dôga. Premier long métrage en couleurs de l'histoire de l'animation japonaise, il fut surtout le premier dessin animé nippon conçu avec des moyens industriels dans le but de séduire un très large public.

Snezhnaya Koroleva (La reine des neiges)

La reine des neiges est un film d'animation russe réalisé par Lev Atamanov en 1957. Quand Hayao Miyazaki l'a vu, il n'était pas satisfait de son travail et commençait à se demander s'il devait continuer son métier d'animateur. Il a été si touché par ce film qu'il décida de continuer à travailler dans l'animation avec une « détermination renouvelée ». C'est grâce à ce film qu'il réalisa qu'un personnage pouvait « jouer » s'il était bien animé, et que l'animation pouvait émouvoir aussi bien que n'importe quel autre médium artistique.

La bergère et le ramoneur

Ce film d'animation de Paul Grimault (1952) a montré à Miyazaki que l'animation pouvait également s'adresser aux adultes. Avec ses amis Isao Takahata et Yasuo Ôtsuka, il passera des jours à décortiquer le film image par image. Il s'est fortement inspiré de cette œuvre pour son Château de Cagliostro. La bergère et le ramoneur a été revu et corrigé par Grimault pour sa reprise en 1979, sous le nom de Le roi et l'oiseau.

Frédéric Back

Hayao Miyazaki a été sidéré par le film Crac ! de cet animateur canadien. Il s'est dit ensuite déprimé par la différence qui existait encore entre cette œuvre et ses propres travaux d'alors. Sur une note dans un laserdisc japonais de L'homme qui plantait des arbres, Miyazaki rend hommage à Back en louant en particulier la façon dont il met en mouvement les plantes (un exercice très difficile à faire). Comme pour Grimault, Miyazaki partage son admiration pour Back avec Isao Takahata.

Les animateurs américains

Il est connu que Hayao Miyazaki n'apprécie que modérément les œuvres de Disney. Il avoue néanmoins aimer les premières œuvres du maître américain, comme les Silly Symphonies. D'un autre côté, il rend hommage dans Porco Rosso et dans l'épisode final de la saison 2 de Lupin III aux frères Fleischer, qui comptaient parmi les artisans pionniers du film d'animation.

Le cinéma en prise de vue réelle

Hayao Miyazaki a vu évidemment beaucoup de films en tant que spectateurs. Parmi les films qui comptent beaucoup pour lui, figurent Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica, ou encore Plein soleil de René Clément, avec Alain Delon. Au niveau du cinéma japonais, les réalisateurs qu'il aime sont Akira Kurosawa, Mikio Naruse, Yasujirô Ozu et Tomu Uchida.

La littérature

Hayao Miyazaki adore et a été influencé par les écrivains Ryôtarô Shiba, Yoshie Hotta, et le botaniste et ethnobotaniste, Sasuke Nakao. On perçoit aussi dans des œuvres comme Nausicaä de la Vallée du Vent de nombreuses influences parmi les auteurs de science-fiction occidentaux tels que Frank Herbert (Dune) ou Brian Aldiss (Le Monde vert). Enfin, le réalisateur avoue beaucoup apprécier l'œuvre de Saint-Exupéry (principalement Terre des hommes, mais aussi Vol de nuit, Courrier sud, Le petit Prince). Miyazaki est d'ailleurs un spécialiste respecté de l'œuvre de l'écrivain français, qu'il a préfacé et illustré pour son édition japonaise. La littérature de Saint-Exupéry l'a en particulier influencé pour Porco Rosso et Le vent se lève. Dans une interview donnée à l'occasion de la promotion de ce dernier film, Miyazaki déclare que « Mermoz et Saint-Exupéry [lui] ont fait aimer les années 30. »

Mais le réalisateur demeure discret sur ses autres passions littéraires. Pourtant, une exposition assez confidentielle a levé le voile en 2011. Le musée de la littérature de Kôchi au Japon avait consacré une rétrospective à Hayao Miyazaki, rassemblant des notes manuscrites du réalisateur dans lesquelles il révèle les 50 livres jeunesse qui l'ont marqué et dont il recommande la lecture. Parmi eux, des auteurs français, des grands classiques, mais aussi quelques surprises...

Les 50 livres jeunesse qu'il faut avoir lus selon Hayao Miyazaki

  1. Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (1943)
  2. Les Aventures de Tit' Oignon (Il Romanzo di Cipollino) de Gianni Rodari (1956)
  3. La Rose et l'anneau (The Rose and the Ring) de William Makepeace Thackeray (1854)
  4. Le Petit salon de lecture (The Little Bookroom) de Eleanor Farjeon (1955)
  5. Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas (1844)
  6. Le Jardin secret (The Secret Garden) de Frances Eliza Hodgson Burnett (1909)
  7. Le Trésor des Nibelungs (The Treasure of the Nibelungs) de G.Schalk (1953)
  8. Alice au Pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland) de Lewis Carroll (1865)
  9. Les Aventures de Sherlock Holmes (The Adventures of Sherlock Holmes) d'Arthur Conan Doyle (1891)
  10. Une Ferme norvégienne (A Norwegian Farm) de Marie Hamsun (1933)
  11. Le Petit cheval bossu de Piotr Erchov (1834)
  12. Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Casimir Fabre (1879-1907)
  13. Toui Mukashi no Fushigina Hanashi-Nihon Reiiki de Tsutomu Minakami (1995)
  14. La Mort d'Ivan Ilitch de Léon Tolstoï (1885)
  15. L'Aigle de la neuvième légion (Eagle of the Ninth) de Rosemary Sutcliff (1954)
  16. Winnie l'Ourson (Winnie-the-Pooh) de A. A. Milne (1926)
  17. Les Princes du Vent de Michel-Aime Baudouy (1956)
  18. Quand Marnie était là (When Marnie Was There) de Joan G Robinson (1967)
  19. Un Hiver sans fin (The Long Winter) de Laura Ingalls Wilder (1940)
  20. Le Vent dans les saules (The Wind in the Willows) de Kenneth Grahame (1908)
  21. The Ship That Flew d'Hilda Lewis (1939)
  22. Flambard de Kathleen Wendy Peyton (1967)
  23. Tom et le Jardin de minuit (Tom's Midnight Garden) d'Ann Philippa Pearce (1958)
  24. Les Aventures de Tom Sawyer (The Adventures of Tom Sawyer) de Mark Twain (1876)
  25. Chumon no Ooi Ryouriten de Kenji Miyazawa (1924)
  26. Heidi de Johanna Spyri (1888)
  27. 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne (1870)
  28. Les Chapardeurs (The Borrowers) de Mary Norton (1952)
  29. Neuf Contes de fées (Devatero pohádek) de Karel Capek (1931)
  30. Hirondelles et Amazones (Swallows and Amazons) d'Arthur Ransome (1930)
  31. La Classe volante (The Flying Classroom) d'Erich Kästner (1933)
  32. Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719)
  33. L'Ile aux trésors (Treasure Island) de Robert Louis Stevenson (1883)
  34. Douze Mois de Samuil Marshak (1943)
  35. Tistou les pouces verts de Maurice Druon (1957)
  36. The man who planted the welsh onions de Kim Soun (1953)
  37. Les Histoires étranges d'un atelier chinois (Strange Stories from a Chinese Studio) de Pu Songling (1740)
  38. Les Voyages du Docteur Dolittle (The Voyages of Doctor Dolittle) de Hugh John Lofting (1922)
  39. Voyage en Occident (Journey to the West) de Wú Chéng'ên (1500)
  40. Le Petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) de Frances Eliza Hodgson Burnett (1886)
  41. From the Mixed-Up Files of Mrs. Basil E. Frankweiler d'Elaine Lobl Konigsburg (1968)
  42. Les Enfants du village (Alla vi barn i Bullerbyn) d'Astrid Lindgren (1947)
  43. Le Hobbit (The Hobbit, or There and Back Again) de J. R. R. Tolkien (1937)
  44. Le Sorcier de Terremer (A Wizard of Earthsea) d'Ursula K. Le Guin (1968)
  45. Le Cheval d'argent (The Little White Horse) d'Elizabeth Goudge (1946)
  46. Nous étions cinq (Bylo nas pet) de Karel Polacek (1969)
  47. L'Histoire de Jane Addams (City Neighbor: The Story of Jane Addams) de Clara Ingram Judson (1951)
  48. La Femme radium (The Radium Woman) d'Eleanor Doorly (1939)
  49. L'Incident Otterbury (The Otterbury Incident) de Cecil Day-Lewis (1948)
  50. Les Patins d'argent (Hans Brinker or The Silver Skates) de Mary Mapes Dodge (1865)

Sources : Nausicaa.net - Le musée imaginaire de Hayao Miyazaki, paru dans le magazine Studio (avril 2002) - L'express