Mis à jour : vendredi 21 janvier 2022

Gorô Miyazaki

Gorô Miyazaki est né à Tôkyô en 1967, alors que Hayao Miyazaki est encore un jeune animateur de 26 ans. Plus tard, Hayao Miyazaki avouera qu’il a travaillé dans l’animation pour faire plaisir à son fils. L'idée des deux moyens métrages Panda Kopanda (Panda, petit panda) est amenée par Hayao Miyazaki pour faire plaisir à Gorô qui a alors 5 ans à l'époque.

Quand Gorô est en âge d'entrer à l'école primaire, son père commence à être connu et à être débordé par son travail. Il rentre souvent au petit matin et le temps passé avec son fils diminue. Dans un documentaire de la NHK diffusé pour la sortie de Kokuriko-zaka Kara (La colline aux coquelicots), Gorô se souvient clairement de cette époque : « Je ne m'attendais pas à ce qu'il me propose de faire du Catchball ou de m'emmener quelque part. Ce que je voulais, c'était juste sa présence. » Gorô se console en regardant les séries que son père crée pour la télévision, comme Mirai Shônen Konan (Conan, le fils du futur), ou son premier long métrage Rupan Sansei: Kariosutoro no Shiro (Le château de Cagliostro).

Dessins de Hayao Miyazaki de l’époque où Gorô était encore enfant.

C'est à l'époque du lycée qu'il envisage de suivre les traces de son père et de travailler dans le monde de l'animation. Cependant, il ne lui en parle pas. En effet, il fait part à sa mère du souhait de travailler dans le monde de l'animation et elle lui répond que c'est un milieu extrêmement difficile et qui demande beaucoup de talent. Il s'oblige à choisir une voie qui n'est pas celle de son père.

À la sortie de Kaze no Tani no Naushika (Nausicaä de la Vallée du Vent), Hayao Miyazaki est définitivement devenu un réalisateur connu. Mais pour Gorô, c'est aussi une période difficile à vivre. Il devient méfiant envers les gens, car il sent que c'est son père qu'ils regardent à travers lui. Il commence peu à peu à s'éloigner de lui.

Après avoir obtenu son diplôme de l’Ecole d’Agriculture et des Sciences de la Forêt de l’Université de Shinshû, il a été consultant en construction et a pris part à plusieurs projets d’architecture de paysage et à la conception de parcs et d’espaces boisés urbains. Le fils et le père auraient dû avoir deux chemins professionnels différents, mais en 1998 un événement en a décidé autrement. Hayao Miyazaki, 57 ans, est sur le point de créer Sen to Chihiro no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro).

Gorô Miyazaki à 31 ans et déjà fait carrière dans le monde du paysagisme. Toshio Suzuki vient le trouver en lui disant que son père veut construire un musée à Mitaka et lui demande de les aider. Utilisant son savoir-faire, Gorô participe au projet en chapeautant la construction du musée Ghibli et de son jardin. Il en devient finalement le directeur général à son ouverture en 2001 jusqu’à juin 2005.

Suzuki continue de l'appeler pour qu'il assiste aux réunions d'un nouveau projet de film, l'adaptation d'un roman dont Gorô est fan, Les contes de Terremer. À l'époque, le projet n'avance pas. Gorô commence à amener ses idées en proposant ses propres dessins. Suzuki sent quelque chose en lui et il lui propose le poste de réalisateur.

Toshio Suzuki : « Son point fort est d’avoir une vision en tête. Et il est capable de faire quelque chose concrètement pour réaliser cette image. Je me suis dit que s’il avait une telle capacité, il serait capable de créer un film. Réalisateur de films est un travail dont il a rêvé autrefois, quand il était jeune. Mais il savait qu’en acceptant maintenant, il y aurait aussi une souffrance. Il savait que ce n’était pas un travail qu’il pouvait faire sans expérience. Mais il a accepté quand même, en se disant juste pour une fois. »

Hayao Miyazaki est fortement opposé à cette idée. « Le travail de réalisateur n’est pas quelque chose que tu peux faire à moitié. Est-ce que tu es prêt pour ça ? » Pour le convaincre, Gorô remet un dessin à son père. Selon Suzuki, Hayao Miyazaki en serait resté sans voix.

En 2004, Gorô Miyazaki reçoit le Prix d’encouragement artistique pour les jeunes artistes du Ministère de l’Education dans le secteur de la promotion des arts.

En 2005, la production de Gedo Senki (Les contes de Terremer) démarre. Mais Hayao Miyazaki décrète qu'il n'aidera pas du tout son fils. Ainsi, le père et le fils ne s’adressent plus la parole durant toute la production. Son passé de paysagiste et notamment son expérience de la gestion de l'espace aide beaucoup Gorô Miyazaki pour son travail sur le film, mais ce n'est pas suffisant pour devenir un bon réalisateur et il doit redoubler d'efforts. 9 mois après, le film est fini. Hayao Miyazaki est présent à la projection interne, mais il sort en plein milieu. « J’ai eu l’impression que ça faisait déjà 3 heures que j’étais assis... ». Il reconnaît le travail de son fils, mais n’y trouve aucun talent : « Ce que je pense du travail de mon fils ? Je trouve qu'il a travaillé vraiment sérieusement et c'est tout. Pas d'autres choses à ajouter. Personnellement, je pense que c'est un travail qui ne valait pas la peine d'être réalisé. Mais pour lui, peut-être que c'était indispensable... »

Le film remporte un certain succès en salles, mais les critiques sont assez mauvaises. Dans ces conditions, Gorô n’est pas sûr de pouvoir réaliser à nouveau. Dès la fin de la production des Contes de Terremer, il commence pourtant à chercher un autre sujet de film : « Si je n'avance pas, il n'y a pas d'avenir, ni de passé non plus. Je suis dans une situation où je ne peux pas m'arrêter. » Il rédige et dépose des sujets, mais aucun n'est accepté. Durant 3 ans, rien n'avance.

À ce moment-là, Hayao Miyazaki apporte le projet de La colline aux coquelicots à Toshio Suzuki. Ce dernier propose alors d'en confier la réalisation à Gorô et demande à Hayao Miyazaki d'en écrire le scénario. Contre toute attente, celui-ci ne refuse pas. Ce film marque le début d’une collaboration souvent tendue, mais il affirme également la volonté de Gorô d’être réalisateur de film d’animation. Même si Miyazaki père n'est une fois de plus pas tendre avec la réalisation de Gorô (il qualifiera le film de « puéril » à l'issue de la première projection), le long métrage est bien accueilli par les critiques et le public, dans un contexte pourtant difficile (récession et séisme du 11 mars 2011).

Ce succès conforte Gorô dans son poste de réalisateur, puisqu'en 2014, il se voit confier la réalisation d'une série hybride 2D/3D, Sanzoku no Musume Rônya (Ronya, fille de brigand), pour le studio Polygon Pictures.

Gorô Miyazaki ne cache pas ensuite son intention de réaliser un troisième film. Au sein du studio Ghibli ou non. Son souhait se réalise en 2016. Il débute discrètement la production du long métrage Âya to Majô (Aya et la sorcière), adapté du roman posthume Earwig and the Witch de la romancière britannique Diana Wynne Jones. Le long métrage sera la première production intégralement en 3D CG du studio Ghibli. Hayao Miyazaki est de nouveau crédité à la planification. Malgré une production houleuse, le père et le fils reprennent leur poste respectif du long métrage La colline aux coquelicots.

Le film est coproduit avec NHK et diffusé directement sur la chaîne le 30 décembre 2020. Cette diffusion télévisée est prévue dès le départ, l’épidémie de Covid-19 qu’a traversé le monde cette année n’étant pas en cause dans cette décision. L’année suivante et contre toute attente, le film sortira en salles enrichi de 30 secondes supplémentaires.

En plus de travail de cinéaste, Gorô Miyazaki supervise également les travaux de Ghibli Park, le parc d’attraction du studio, dont l’ouverture est prévue à l’automne 2022.


Sources : émission La colline aux coquelicots - 300 jours de guerre entre père et fils diffusée le 9 août 2011 sur la chaîne NHK - dossier de presse du film Les contes de Terremer
Remerciements : merci à Yasuka Takeda pour les traductions