Le peuple du désert
Sabaku no Tami (Le peuple du désert) est le premier manga de Hayao Miyazaki à avoir connu les honneurs de la publication (mais sous le pseudonyme de Saburô Akitsu). Les 52 pages du manga ont été publiées entre septembre 1969 et mars 1970, sous la forme d'une série de 26 épisodes, dans le magazine pour enfant Shônen Shôjo Shinbun. A cette époque Miyazaki travaille en tant qu'animateur et homme d'idées au sein du studio d'animation de la Tôei. Conduits par Isao Takahata, il vient d'achever la très longue et très exigeante production du film Horus, prince du soleil. Le sérieux et les thèmes adultes du film semblent continuer à inspirer le jeune Miyazaki dans la création du Peuple du désert. En effet, le manga raconte une histoire étonnamment sombre qui traite des dévastations causées par la guerre et de la noirceur de la nature humaine dans les situations désespérées. De nombreux protagonistes y trouvent la mort y compris des enfants.
L'histoire se déroule au 11ᵉ siècle en Asie centrale. Tem est un garçon Sokute qui vit avec son père de l'élevage de moutons dans la steppe. Un jour, ils trouvent un Sokute blessé nommé Kughil et le ramène dans leur tente. Kughil explique qu'il est pourchassé par les Kittarls, un puissant peuple nomade qui parcourent les steppes. Quand le père de Tem refuse de livrer Kughil, les soldats Kittarls l'exécute. Tem et Kughil parviennent à s'échapper et décident de rejoindre la capitale Sokute, Pejite. Kughil explique à Tem que les Kittarls sont après lui parce qu'il a tenté de se rebeller après s'être fait déposséder de sa caravane. Sur le chemin, ils rencontrent Sasan, une jeune fille à la recherche de son frère. Elle se joint à eux. Quand tous trois arrivent à Pejite, la ville est déjà tombée entre les mains des Kittarls et les Sokutes sont réduits en esclavage. Kughil et Tem tentent d'organiser une rébellion contre les Kittarls, mais un espion informe les Kittarls de leur plan...
Dans ses premières planches, Le peuple du désert s'apparente plus à un roman graphique qu'à un manga. Les premiers épisodes contiennent en effet quelques images illustrant beaucoup de texte. Celui-ci est écrit en dehors des cadres et les bulles de dialogue sont rares. Puis la mise en page évolue au fil de la série, les dessins prenant le pas sur le texte, pour se rapprocher du style plus traditionnel du manga.
Une évolution flagrante entre le début (à gauche) et la fin (à droite) du manga.
On peut y voir l'influence d'Osamu Tezuka de la période gekiga (forme de manga aux récits engagés qui s'ancrent dans une réalité sociale avec des dessins plus réalistes). Mais on y décèle également déjà le style et les motifs qu'on retrouvera dans les œuvres ultérieures du maître. De ce point de vue, Le peuple du désert peut être considéré comme un premier prototype de Nausicaä de la Vallée du Vent.
Sources : Nausicaa.net - Ghibli Blog qui propose par ailleurs une traduction intégrale du manga en anglais, Miyazaki's First Manga - People of the Desert (Sabaku no Tami)