Mis à jour : dimanche 14 mars 2021

La chasse au trésor

Résumé

Un garçon nommé Yûji et son ami lapin nommé Gikku trouvent une canne. Pour décider qui gardera l’objet, ils s’affrontent dans des épreuves sportives : course à pied, saut en longueur et sumo. Mais toutes ces épreuves finissent immanquablement par un match nul...
En manque d'idées, les enfants se tournent alors vers la grand-mère de Gikku. Celle-ci propose aux enfants d'aller à la chasse au trésor. Qui sera le vainqueur ?

Quelques mots sur le court métrage

Le plus court (moins de 9 minutes) de tous les courts métrages exclusifs du musée Ghibli. Le plus anecdotique aussi. Comme une suite à La chasse à la baleine en 2001, avec à nouveau l’œuvre de Rieko Nakagawa et Yuriko Yamawaki comme source d’inspiration.
Seulement voilà, en 2008, Ponyo sur la falaise est déjà sorti en salles, et poursuivre dans cette même veine graphique ne semble plus autant inspirer Miyazaki et le studio Ghibli.

Le charme des livres de Rieko Nakagawa et Yuriko Ômura

« Mesdames Nakagawa et Ômura sont deux sœurs. L’ainée écrit des histoires et la cadette les dessine. De cette manière, elles ont créé quantité de livres d’illustrations et de livres tout court. J’aime tout chez elles. Et notamment La chasse au trésor, que j’ai utilisé comme histoire originale et dont j’ai souhaité en tirer un film d’animation pendant 40 ans, c’est-à-dire depuis sa découverte.
Le plus grand charme de leurs livres, c’est que c’est amusant immédiatement. Il n’y a pas de point de vue adulte et ce n’est jamais moralisateur. Pourtant, à l’âge adulte, on ressent toujours le besoin de mettre ce genre de chose dans son œuvre. Mais, elles sont miraculeusement libres.
Je pense que les livres de mesdames Nakagawa et Ômura sont les plus beaux cadeaux à faire à des enfants et le seront toujours. »

Hayao Miyazaki

Hayao Miyazaki et Rieko Nakagawa.

Biographie de Rieko Nakagawa

Née en 1935 à Sapporo (Hokkaidô), Rieko Nakagawa commence à écrire tout en travaillant dans une école maternelle. Iya Iya En (La maternelle Non-non), publié chez Fukuinkan Shoten en 1962, a reçu le Kôsei Daijin Shô (Prix du ministère de la santé et du bien-être) et le Sankei Jidô Shuppan Bunka Shô (Prix culturel Sankei pour les publications enfantines).
Koinu no Roku ga Yattekita (Roku le petit chien est arrivé), publié chez Iwanami Shoten, a reçu le Mainichi Shuppan Bunka Shô (Prix Mainichi de la culture) en 1980.
Parmi ses œuvres les plus emblématiques, on peut citer des livres pour les enfants, comme Kaeru no Eruta (Eruta la grenouille), Momo-iro no Kirin (La girafe rose), Raion Midori no Nichiyôbi (Le lion vert du dimanche), Mori Obake (La forêt hantée) et Wanwan-mura no Ohanashi (L’histoire du chien-chien du village).

Comme livres d’illustrations, on peut citer la série des Guri to Gura (traduite en français), Hajimete no Yuki (Premières neiges), Torata to Ôyuki (Torata et les fortes chutes de neige) et Takara-sagashi (La chasse au trésor).
Ajoutons à cette liste, le livre d’essai Ehon to Watashi (Le livre d'illustrations et moi), publié par Fukuinkan Shoten.
Rieko Nakagawa vit à Tôkyô et compte La chasse à la baleine, tiré de son livre Iya Iya En, comme participation aux courts métrages exclusifs du musée Ghibli.

Biographie de Yuriko Yamawaki

Née en 1941 à Tôkyô, Yuriko Yamawaki a suivit des études supérieures de langue française à l’université Jôchi.
Parmi ses œuvres les plus emblématiques en livres d’illustrations, on peut citer la série des Guri to Gura, Sora-iro no Tane (La graine bleu ciel), Neko Tora-kun, les trois tomes de Nazo Nazo Ehon (Enigmes en livre d'illustrations). Kuma-san Kuma-san (Ourson, ourson), Kobuta Hoikuen (La maternelle des petits cochons) et Takara-sagashi (La chasse au trésor).
Des illustrations de livres pour les enfants, souvent en collaboration avec sa sœur, Rieko Nakagawa : Iya Iya En (La maternelle Non-non), Kaeru no Eruta (Eruta la grenouille).
Parmi les livres pour lesquels elles a dessiné les illustrations mais aussi écrit l’histoire, on peut citer Sora wo Tonda Keiko no Ayatori (L’ayatori (jeu de ficelle japonais) de Keiko s’est envolé dans le ciel), ou la traduction en japonais du Roman de renard de Léopold Chauveau, Kitsune no Runâru, tous deux publiés chez Fukuinkan Shoten.
Nom de jeune fille : Yuriko Ômura. Elle vit à Tôkyô.

Création du film

La chasse au trésor est l’adaptation d'un livre d'illustrations de Rieko Nakagawa, auteur, et Yuriko Yamawaki, illustratrice.

Les deux femmes, deux sœurs, n’en sont pas à leur première collaboration avec le studio Ghibli, puisque leurs livres ont déjà inspiré deux autres projets : la publicité Sora-iro no Tane (La graine bleu ciel), spot TV réalisé en 1992, pour Nippon TV, à l'occasion du 40ᵉ anniversaire de la chaîne, et le court métrage La chasse à la baleine Nakagawa a également écrit les paroles du générique de Mon voisin Totoro.

Le neuvième court métrage exclusif du musée Ghibli est visible en première projection dans la salle de cinéma Saturne en juin 2011, moins de sept mois après M. Pâte et la princesse Œuf.

Peu d’informations circulent sur les coulisses de la production du film. Tout juste sait-on que Hayao Miyazaki souhaitait adapter l’histoire depuis sa découverte, il y a 40 ans (Ndt : l’histoire a été pré-publiée en 1964, dans le magazine Kodomo no Tomo de Fukuinkan Shoten). Tout comme pour La chasse à la baleine, on retrouve le même graphisme simple, rond et aux couleurs pastels. C'est à nouveau Takeshi Inamura qui a été chargé de diriger son animation.

Discussion entre Toshio Suzuki, Rieko Nakagawa et Yuriko Yamawaki

Après avoir visionné le court métrage La chasse au trésor, le producteur Toshio Suzuki et les auteurs du livre d’illustrations à l’origine du film, Rieko Nakagawa et Yuriko Yamawaki, parlent des deux versions.

Comment avez-vous trouvé le film ?

Nakagawa : Pour l’adaptation de La chasse à la baleine, j’avais le cœur qui battait fort. Mais cette fois-ci, j’étais confiante que se soit à nouveau le studio Ghibli qui adapte le livre.
Comme je l’imaginais, Yûji et Gikku étaient turbulents comme peuvent l’être les enfants. Notamment dans leur manière de se dépenser sans compter, typique d’eux.

Yamawaki : C’était amusant et très naturel tout au long du film. Il est normal que les enfants puissent avoir faim en courant de cette manière au sommet d’une colline.

Nakagawa : J’étais contente que les enfants ne soient pas artificiels. Ce sont des enfants vifs comme l’éclair.

Yamawaki : La mamie était très élégante. J’avais envie de porter les mêmes vêtements qu’elle.

Nakagawa : Les couleurs étaient magnifiques.

Yamawaki : J’ai vu que les fleurs de Kinsenka (Ndt : communément appelées chez nous « Souci des jardins ») du jardin de la mamie étaient dessinées de la même manière que celles du livre.

Nakagawa : Notre mère adorait ces fleurs.

Yamawaki : Le papier peint de la maison était minutieusement élaboré, avec des navets et des carottes dessinés en détails. Lorsque je dessine pour un livre, je laisse le décor blanc, car il y a souvent un texte qui va venir se positionner à cet endroit. Pour cette raison, c’était quelque chose de nouveau pour moi.

Avez-vous d’autres remarques sur les différences entre le livre et le film ?

Yamawaki : J’ai remarqué cette scène, vers le début, où Yûji sort de chez lui par un trou dans la palissade.

Suzuki : Cette scène a été ajoutée par Miya-san. Il a dit : « Pour le film, il vaut mieux avoir une ville. Yûji va ainsi s’éloigner d’elle pour aller vers les champs. Puis, au couché du soleil, il rentre chez lui. »

Yamawaki : Comme ça, sa mère est rassurée.

Nakagawa : Oui, c’est Le hobbit, histoire d’un aller et retour.

Suzuki : Il y a des parties qu’on a ajoutées à l’histoire originale et d’autres qu’on a supprimées. Au début, il y avait tous ces dialogues qu’on a un peu élagués. On en a gardé qu’une partie. C’est Miya-san et moi qui l’avons proposé. On a pensé que ce serait assez compréhensible juste avec les dessins.

Nakagawa : Vous avez eu raison, c’est suffisamment compréhensible. En plus, il y a la musique. Il n’y a pas forcement besoin de plus d’explication. C’est comme si on entendais les rires de Yûji et Gikku.

À propos de la marche et la course comme animation de base du film.

Suzuki : Dans ce film, comme dans le livre original, on trouve des mouvements de base, comme marcher et courir. Animer la marche et la course n’est pas un exercice facile. Mais avec un animateur talentueux, rien qu’avec ces deux mouvements, on peut comprendre s’il s’agit d’un homme ou une femme et à peu prêt son âge.
Ça faisait un moment que Miya-san disait qu’il voulait créer un film d’animation simplement basé sur les actions de marcher et courir. Et un jour, il a dit :
« Voilà, c’est l’œuvre qui s’y prête le mieux, Suzuki-san ! » Il parlait de La chasse au trésor.

Nakagawa : Ah ! C’est pour ça que vous avez décidé de créer ce film ?

Yamawaki : On a donc marcher et courir, mais aussi manger. Concernant le scène où il y a trois morceaux de sucre, je me suis dit qu’il y en avait un peu trop (rire).

Nakagawa : Oui, ces trois morceaux faisaient un peu trop généreux.

Suzuki : Miya-san songeait à en ajouter encore un de plus.

Nakagawa : Incroyable ! Mais comme la tasse est grande, trois, c’était quand même la bonne quantité.

Yamawaki : Oui, la tasse était grande.

Nakagawa : Deux morceaux, c’est un peu triste. Un morceau, c’est bizarre parce que ça fait un peu tasse pour un adulte. En tout cas, la fumée qui sortait de la tasse était très engageante.

Yamawaki : Et les enfants étaient adorables, car ils ont commencé à manger après avoir dit : « itadakimasu » (bon appétit).

Madame Nakagawa, quels sentiments avez-vous voulu faire passer en créant cette histoire ?

Nakagawa : Je me souviens avoir beaucoup réfléchi quand j’ai abordé cette histoire. Mais je me souviens que de ça.
Néanmoins, si on demande à des enfants :
« Qui est le plus intelligent ? », ils répondent : « Moi ! » Les enfants adorent faire ça : « Qui est le plus fort ? - Moi ! », « Qui est la plus mignonne ? - Moi ! » Même si je demande : « Qui est le plus bête ? », réponse : « Moi ! » Ils répondent en levant la main et ça me fait beaucoup rire. En tout cas, les enfants aiment bien être le numéro 1. Par exemple, s’ils font une course, ils aiment bien dire : « 3, 2, 1, 0 » et tout le monde est numéro 1. Ils se disent entre eux que c’était bien et ils ne régissent pas en adultes égoïstes qui pensent qu’il n’y a qu’un seul gagnant. J’adore entendre la réponses des enfants : « Oui, c’est moi ! » A mon avis, l’enfance est la meilleure période de la vie pour penser qu’on est le meilleur du monde. En plus, ils ne se moquent pas entres eux à ce sujet.
C’est pour ça que je voulais des enfants qui soient tous premier après avoir tout donné. Dans ce film, Yûji et Gikku courent et font du sumo de toutes leurs forces. J’étais heureuse de leur entrain. Et à la fin, ils ont faim et mangent des biscuits.

Yamawaki : J’imagine que les enfants qui verront le film voudront aussi aller courir dans les champs.

Nakagawa : Oui, et les enfants vont adorer le film parce que c’est amusant.

Crédits

Titre たからさがし (Takara-sagashi)
(Treasure Hunting / La chasse au trésor)
Œuvre originale Takara-sagashi (La chasse au trésor) de Rieko Nakagawa (histoire) et Yuriko Ômura (illustrations) publié chez Fukuinkan Shoten
Planification, réalisation Hayao Miyazaki
Directeur artistique Naomi Kasugai
Directeur de l’animation Takeshi Inamura
Couleurs Hiromi Takahashi et Eiko Matsushima, avec la collaboration de Michiyo Yasuda
Directeur de la photographie Atsushi Okui
Musique Michiru
Producteur Toshio Suzuki
Production Studio Ghibli
Date de sortie 4 juin 2011
Durée 8 minutes 40 secondes

Source : fascicule du court métrage La chasse au trésor
Remerciements : merci à Yasuka Takeda pour les traductions