Entretien avec Hirokatsu Kihara :
Les œuvres du studio Ghibli et le point de vue de M. Kihara
Comment se passait le travail au studio Ghibli ?
M. Miyazaki et M. Takahata ont des façons de travailler très différente. M. Miyazaki conçoit par lui-même les illustrations des personnages et le story-board pour ensuite les utiliser pour faire le film. M. Takahata est plutôt du genre à demander des dessins et une histoire très réaliste.
On pense par exemple à Mon voisin Totoro et Le tombeau des lucioles, sortis à la même période. Cependant, travailler sur des films de ces deux réalisateurs en même temps était très compliqué, et nous avons donc évité que cela se produise par la suite. Nous réalisions donc les films de M. Miyazaki et de M. Takahata alternativement. Pendant ce temps, l'un des réalisateurs pouvait recharger ses batteries. Cela lui permettait d'avoir du temps pour préparer son prochain film.
Si l'on se place du point de vue du spectateur, je pense que les films de M. Miyazaki étaient considérés comme « romantiques » et ceux de M. Takahata comme « réalistes ». Toutefois, ces spectateurs avaient peut-être plus envie d'un film d'animation dramatique les invitant au rêve que d'un film documentaire réaliste. C'est, selon moi, l'une des raisons pour lesquelles les films de M. Miyazaki ont eu plus de succès. De plus, je pense que M. Miyazaki avait également un goût pour le challenge et l'aventure dans sa façon de réaliser des films. C'est pour cela aussi qu'il semblait aimer travailler avec des jeunes. Il était à la recherche de nouvelles sensations insufflées par la jeunesse.
Photo de production de Mon voisin Totoro. Hirokatsu Kihara y apparaît souriant tel un enfant à l'idée de l'aboutissement futur du projet.
Quelle était la relation de M. Miyazaki avec les animateurs ? Que leur demandait-il dans leur travail ?
Il demandait à ses chefs animateurs de toujours travailler dans un timing parfait. On avait l'impression qu'il les entraînait. C'est pourquoi les animateurs travaillaient ardemment pour répondre aux demandes de M. Miyazaki.
Parfois, ils devaient même reprendre leur travail à zéro. Mais quand le résultat était au rendez-vous, M. Miyazaki se réjouissait tel un enfant, regardant les dessins encore et encore, les montrant à d'autres personnes en disant : « Regarde ! Regarde ! C'est formidable ! ».