Souvenirs goutte à goutte : Résumé détaillé
Tôkyô 1982. Taeko Okajima, 27 ans et critique littéraire dans un journal, projette de prendre un congé sabbatique à Yamagata, région encore très rurale.
En 1966, la petite Taeko, 11 ans, apprend jalousement que ses copines de classe partent rendre visite à leur famille pendant les vacances d'été. Sa famille, native de la région de Tôkyô, ne peut avoir de telles opportunités. Devant l'insistance de Taeko, la grand-mère propose d'aller à un complexe de bains publics à Ônoya, près des sources chaudes d'Atami. Taeko est perplexe mais est convaincue par ses sœurs qui connaissent l'endroit et ne cessent d'en vanter les beautés. Pourtant, quand leur mère leur propose de rejoindre Taeko, elles grimacent : leur enthousiasme pour la station thermale aurait-il été un subterfuge pour calmer Taeko et pour se moquer d'elle ?
1982. Taeko parle avec sa grande sœur Nanako au téléphone au sujet de ses congés. Elle se rend de nouveau chez la famille du mari de Nanako pour aider cette fois à la récolte des fleurs de benibana (fleur récoltée pour ses propriétés colorantes). Elle profite de ce voyage pour éviter de rencontrer l'homme que sa mère veut lui présenter afin d'arranger un mariage. Nanako lui demande pourquoi elle ne loue pas une maison de campagne. Taeko plaisante et dit se méfier de son conseil et lui rappelle le mauvais tour qu'elle lui avait fait jadis sur les bains d'Ônoya.
Ônoya... Taeko se souvient. Elle avait finalement accompagné sa grand-mère. Elle s'ennuyait beaucoup et passait son temps à essayer les différents bains... Jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse dans un des bains et manque de se noyer ! Son séjour fut alors écourté et elle passa alors le reste de ses longues vacances d'été chez elle !
1982. À la gare de Tôkyô, Taeko passe devant un étal de fruits et se rappelle un jour de 1966 lorsque sa famille a découvert son premier ananas. Ils ne savent pas comment s'y prendre pour le préparer. Renseignements pris, la découpe du fruit se fait le lendemain dans une ambiance très solennelle. Malheureusement le goût acidulé et la consistance un peu dure du fruit déconcerte toute la famille et Taeko se retrouve avec toutes les parts dans son assiette ! Conclusion de cette petite mésaventure : la banane reste la reine des fruits !
D'autres anecdotes reviennent à la mémoire de Taeko : sa sœur qui essayait les minijupes, le succès des Beatles, les repas du midi avec sa classe, les conseils de classe entre élèves... Mais le train express de nuit vient d'arriver en gare et Taeko embarque. Ses souvenirs de CM2 la suivent...
Une délégation de trois filles d'un autre CM2 avait un jour informé Taeko qu'Hiro, un garçon de leur classe, était amoureux d'elle. La preuve : un graffiti Ai Ai Gasa (graffiti amoureux en forme de parapluie) avec les noms de Taeko et Hiro dessiné dans une ruelle. Taeko avait été troublée par cette nouvelle. Elle apprit par la suite que Hiro était un excellent joueur de Baseball. En se joignant à ses camarades pour assister à un tournoi interclasse, elle fut très impressionnée par le jeu de son admirateur.
Après le match, les camarades d'Hiro embêtèrent ce dernier au sujet de Taeko qui, prise de panique, s'enfuit. Mais sur le chemin de la maison les deux enfants se croisèrent. Il essaya d'expliquer que le graffiti n'était pas de lui mais trop nerveux, il lui demanda à la place quel type de temps elle préférait : pluvieux, nuageux ou ensoleillé. Taeko répondit nuageux et Hiro, radieux, lui dit qu'ils étaient « pareils ». Taeko rentra chez elle en courant, dans un état d'extase.
Taeko sur sa couchette dans le train se demande pourquoi tant de souvenirs remontent si brusquement à la surface. Elle se rappelle alors que l'un de ses professeurs leur avait expliqué le cycle menstruel et que Taeko s'étonnait que certaines de ses copines soient déjà au courant.
Très vite, les garçons s'amusèrent à regarder sous les jupes de leurs camarades depuis qu'une fille leur avait avoué que les filles indisposées étaient dispensées de cours d'éducation physique. Ainsi lorsque Taeko eut la grippe, elle insista pour aller quand même au cours de sport, afin d'éviter tout commérage. Mais trop malade, elle se résigna à rejoindre la « cafteuse », elle vraiment réglée !
1982. Tôt le matin, Taeko arrive à destination. En sortant du train, elle ne voit aucun signe du frère de Mitsuo, Kazuo. C'est en fait Toshio, un cousin lointain de Kazuo, qui est venu la chercher.
Sur le chemin de la ferme, dans la minuscule voiture de Toshio, Taeko apprend que ce dernier était auparavant employé dans une société et qu'il s'est reconverti dans l'agriculture par passion. Au grand étonnement de Taeko qui, comme la plupart des citadins, n'est pas spécialement enthousiasmée par son travail, il apprécie cette nouvelle vie. Taeko l'informe qu'elle est venue aider à la récolte des fleurs de benibana et qu'elle désire se mettre à la tâche dès ce matin (c'est pourquoi elle a pris l'express de nuit).
À leur arrivée, après de rapides et chaleureuses retrouvailles, elle rejoint la famille de son beau-frère dans les champs. Taeko est hypnotisée par la beauté du paysage et observe le lever du soleil dans un silence presque religieux. Le benibana, littéralement « fleur rouge », est en réalité une fleur de couleur jaune-orange, mais un procédé de transformation permet d'en extraire son pigment rouge. Taeko participe à toutes les étapes de ce processus en compagnie de Naoko, la fille de Kazuo.
Un peu plus tard, cette dernière essaie de convaincre sa mère de lui acheter une paire de chaussures Puma à la mode. Son insistance face au refus de sa mère faire rire Taeko, jusqu'à ce qu'un souvenir douloureux lui revienne en mémoire. Taeko se rappelle de ses propres caprices d'enfance et notamment ceux concernant les vêtements et accessoires qu'elle héritait de ses sœurs... C'est à la suite d'un de ces caprices qu'elle avait reçu la seule gifle que son père ne lui ait jamais donnée. Naoko est surprise d'entendre cette histoire et, un peu gênée de se sentir finalement gâtée, elle avoue qu'elle n'a, en fait, pas vraiment besoin de ces chaussures.
Un peu plus tard, Toshio propose à Taeko de l'emmener faire une pose au complexe de ski de Zaô. Les paysages y sont magnifiques mais ce n'est désormais plus qu'un village de vacances fréquenté par les touristes. Lorsque Toshio demande à Taeko pourquoi elle n'est pas encore mariée, elle essaie de lui expliquer qu'il est courant aujourd'hui de voir des jeunes femmes célibataires. Par ailleurs, elle fait le lien entre les difficultés dans sa vie et sa difficulté avec ses problèmes d'arithmétique lorsqu'elle était en CM2.
La division des fractions... Taeko se souvient du jour où elle avait rapporté chez elle une note de 5/20 en mathématiques. Sa mère et sa sœur essayaient de trouver une explication d'une telle note. Taeko serait-elle demeurée ? La petite fille semblait simplement ne pas comprendre qu'on puisse diviser quelque chose avec un nombre inférieur à 1.
1982. Sur le chemin du retour Toshio et Taeko font une halte. La jeune femme est en admiration devant les paysages « naturels » de campagne. Mais Toshio lui révèle qu'ils ne sont pas si naturels que cela, la plupart ayant été façonnés par l'homme : les champs mais aussi les forêts, les rivières... Taeko se rend alors compte de sa méconnaissance et décide, le reste de son séjour, de se consacrer pleinement aux activités de la ferme et de découvrir un peu mieux le monde rural.
Un soir, accompagnée de Toshio et de Naoko et alors qu'elle découvre un paysage baigné de la lumière du soleil couchant, Taeko aperçoit trois corbeaux. Elle se souvient alors de cette pièce de théâtre dans laquelle elle avait eu le rôle de première fille du village. Elle explique alors que ce petit rôle n'était pas à la hauteur de son enthousiasme. Ainsi elle y avait beaucoup travaillé en perfectionnant la mise en scène, ce qui lui valut les félicitations des professeurs des autres classes lors de cette représentation. La performance de Taeko fut même remarquée par un agent qui tenta de persuader la mère de la faire jouer dans sa troupe de théâtre. Taeko se voyait déjà en haut de l'affiche mais sa future carrière de star fut stoppée net par son père qui refusa catégoriquement qu'elle fasse du théâtre.
Toshio aussi raconte alors qu'il a eu le même genre de mésaventure avec son père. En effet, il voulait à tout prix aller étudier à Tôkyô et il en a voulu longtemps à son père de lui avoir interdit. Il n'a plus cette amertume aujourd'hui mais il comprend bien ce qu'a pu ressentir Taeko. Tous deux voient ces déceptions comme une expérience malheureuse mais ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas perdu espoir pour la même raison : ils étaient tous les deux fans des chansons de Hyokkori Hyôtan-jima (L'île de la calebasse, une émission pour enfants de l'époque où les chansons étaient très optimistes), et leurs messages pleins d'espoir leur avaient alors permis de garder le moral.
Les jours passent vite à la campagne et arrive déjà le soir qui précède le départ de Taeko pour Tôkyô. Alors qu'elle discute avec la mère de Kazuo, une conversation bien étrange s'installe. Après avoir confirmation que Taeko se plaît ici, la vieille femme lui demande alors clairement de réfléchir à la proposition suivante : elle pourrait rester ici et devenir l'épouse de Toshio. Taeko est totalement prise au dépourvu et s'enfuit par un sentier de campagne. Elle se sent honteuse d'avoir montré tant d'enthousiasme pour cette campagne si accueillante, car elle prend peu à peu conscience que ses certitudes sur la vie rurale ne sont que celles des quelques jours de vacances qu'elle y a passé. Resteraient-elles intactes et aussi enthousiastes si Taeko devait passer le reste de sa vie ici ?
C'est alors que, sous la pluie qui commence à tomber, ses souvenirs d'enfance resurgissent à nouveau. Taeko se souvient d'un camarade de sa classe du nom de Abe qui était pauvre et sale... Mais les phares d'une voiture viennent brusquement interrompre ses souvenirs. Il s'agit de Toshio qui rentre à la ferme. Ce dernier, surpris de la trouver là, sous la pluie, l'invite à monter dans la voiture. Alors qu'il redémarre Taeko lui demande de ne pas rentrer à la ferme... Elle décide de lui faire partager ses souvenirs...
Abe était un garçon pauvre, crasseux, se curant le nez ou se mouchant bruyamment dans sa manche. Personne dans la classe ne pouvait le supporter, Taeko peut-être encore moins que les autres. Mais elle trouvait que dire du mal de lui derrière son dos était quelque chose de très mal. Lorsque Abe dut de nouveau changer d'école, les élèves de la classe durent, sur ordre du professeur, lui serrer la main pour lui dire au revoir. Tout le monde répugnait à le faire, mais quand vînt le tour de Taeko de lui dire au revoir, Abe lui dit : « Toi, je ne te serrerai pas la main. » Ce comportement, la petite fille ne l'avait pas compris.
Taeko avoue sa honte quant à son hypocrisie envers Abe. Ce souvenir, elle le rapproche de son comportement envers ce monde rural qui l'accueille mais auquel elle n'a jusqu'alors jamais envisagé d'appartenir un jour. Toshio est curieux d'apprendre ce qu'il s'était passé à la ferme. Mais il n'obtient pas de réponse. Il décide alors d'expliquer à Taeko le comportement de Abe : selon lui, Abe ne connaissait personne dans la classe et n'avait pas d'amis. Ce jour là, il aurait voulu ne serrer la main à personne ; en refusant de serrer la main de Taeko, il a simplement été honnête envers elle. En retournant à la ferme, Taeko commence à s'interroger sur ses sentiments envers Toshio.
Le lendemain est le jour du départ. Après avoir remercié la famille pour leur chaleureux accueil, Taeko prend place dans le wagon et le train repart pour Tôkyô. C'est là qu'elle finit par abandonner ses souvenirs d'enfance pour faire un choix qui conditionnera son avenir...
Elle descend à l'arrêt suivant et retourne vers le village et Toshio, accompagnée et encouragée par la petite Taeko qui court à ses côtés...