Mis à jour : dimanche 10 avril 2022

Les salles d'expositions permanentes

Il existe trois salles d’expositions au musée Ghibli. Les deux premières proposent des expositions permanentes. L’une est axée sur l’aspect historique du cinéma d’animation, et du septième art tout court, avec les procédés mis en jeu pour créer l’illusion du mouvement. Elle porte le titre « Aux origines du mouvement ». L’autre est centrée sur la chaîne de fabrication d’un film d’animation dit « traditionnel », aux images dessinées à la main, technique largement défendue par le studio Ghibli dans sa filmographie. Elle porte le titre « Où naît le film ».

La troisième salle est réservée aux expositions temporaires exclusives du musée Ghibli, généralement annuelles, qui peuvent être consacrées soit aux œuvres du studio ghibli ou « pré-ghibli », ou bien pouvant accueillir d’autres grands noms du cinéma d’animation mondial, comme les studios américains Pixar ou britannique Aardman.

La première salle d’exposition permanente

« Ici, tout est animation. L’animation est maintenant souvent associée à ce qui peut être vu à la télévision ou dans une salle de cinéma, mais j’ai voulu prouver que l’animation est beaucoup plus large que cela, en exposant ses « ancêtres » et comment, même aujourd’hui, ils peuvent encore être intéressants. » (Hayao Miyazaki)

La musique jouée dans la première salle d’exposition permanente s’intitule Musica del Museo. Elle est composée et arrangée par Joe Hisaishi.

La salle contient différents zootropes : de la version classique et manuelle, au plus élaboré fonctionnant grâce à un moteur. Cette fascinante invention marqua les prémisses de la création de l’illusion du mouvement et annonça le cinéma.

Plus anciennes encore que le zootrope, les boîtes panoramiques, scénettes constituées d’une série de dessins peints sur verre alignés à l’intérieur d’un coffre en bois, permettent au visiteur d’expérimenter l’effet de parallaxe. De ces installations rudimentaires découleront le système de la caméra multiplane. Cette importante invention dans l’histoire du cinéma d’animation traditionnel permettait de créer et de filmer un effet de profondeur en déplaçant différents niveaux de décors indépendamment.

À la sortie, le visiteur trouvera une monumentale cabine de projection pourvue d’écrans nommée « Quand le film se déroule », et à côté, le « mini-théâtre », un appareil de projection et son écran sonorisés grâce à un gramophone. Ces 2 installations déroulent une pellicule proposant plusieurs courts métrages prévus pour tourner en boucle et spécialement créés par le studio Ghibli pour cette salle.

Il y a beaucoup d’autres installations et surtout de détails à découvrir dans cette première salle d’exposition pour celui qui sait regarder. Nous vous conseillons de ne pas simplement vous arrêter devant les principales installations mais de prendre le temps d’être curieux. Et si ce n’est pas votre première visite au musée, sachez que la scénographie change au fil des ans, des éléments se déplacent, des nouveaux s’ajoutent.

Qu’est-ce qu’un zootrope ?

Invention attribuée quasi simultanément au mathématicien anglais William George Horner en 1833 et au mathématicien, géomètre et inventeur autrichien Simon Stampfer en 1834, le zootrope se popularisera à travers l'Europe dans les années 1860 et sera en vogue tout au long du 19ᵉ siècle. Initialement appelé daedalum, il est rebaptisé zootrope. Selon son étymologie, le terme est formé de zoo du grec ancien, signifiant « être vivant » et tropos, « tour ».

Traditionnellement, cet appareil se présente sous la forme d’un cylindre rotatif tapissé de noir dont les parois sont percées de fentes régulières. À l’intérieur, une bande, sur laquelle sont disposés autant de dessins qu’il y a de fentes, décompose un mouvement répété. En regardant à travers les fentes lorsque le cylindre est mis en rotation sur lui-même, la séquence de dessins semble prendre vie et l'illusion du mouvement est ainsi créée. La série d’images pouvait être changée pour voir un autre cycle d’animation.

Le zootrope se fonde sur ce qu’on appelle le phénomène de persistance rétinienne. Elle relie chaque dessin à l'autre, donnant l'illusion de la continuité. Mais l'obturation provoquée par le passage des parties pleines du cylindre provoque l'effacement de cette persistance rétinienne, qui permet la perception les unes après les autres des dessins.

La boîte panoramique électrique « Le spectacle de zootrope » met en scène une représentation foraine surannée d’un zootrope. Lorsque le visiteur regarde à travers l’une des fentes du cylindre, le cycle d’image placé à l’intérieur s’anime.

« La montée du courant marin »

« Quand nous avons fait notre premier essai de « La montée du courant marin », ses créateurs eux-mêmes ont été stupéfiés par son incroyable beauté ! » (Hayao Miyazaki)

Le zootrope « La montée du courant marin » se présente sous la forme d’un tube vertical de 2 mètres 61 de hauteur et d’1 mètre de diamètre qui contient une statue du robot jardinier du Château dans le ciel. Le principe reste le même que pour un zootrope classique mais avec un cylindre rotatif à fentes plus grand et dont l’intérieur a été peint en bleu.

La particularité de ce zootrope est que deux cylindres en acrylique transparent sont placés à l’intérieur. Sur ces cylindres, des oiseaux semi transparents sont dessinés.

Entrainés par un moteur à démarrage progressif, lorsque les trois cylindres tournent ensemble, grâce à la grande vitesse de la rotation et l’intérieur fortement éclairé, l'extérieur du cylindre bleu devient invisible. Les oiseaux donnent alors l'illusion au spectateur de s'élever tout autour du robot dans un ciel bleu à travers les fentes.

« Le Totoro rebondissant »

Ce zootrope tridimensionnel reste sans doute l’installation la plus marquante du musée Ghibli pour le visiteur. Il reprend lui aussi le principe du zootrope mais en volume. À la place d’une bande de dessins divisant un mouvement cyclique, c’est ici 6 séries de figurines qui décomposent les mouvements. Elles sont placées sur un support circulaire aux larges vitres qui remplace le cylindre.

Une fois l’installation éclairée par un stroboscope et entrainée par le mouvement circulaire rapide d’un moteur à démarrage progressif, les figurines semblent s’animer. Le passage rapide du noir à la lumière assure la liaison entre les différentes figurines et donne ainsi à l’œil l’impression du mouvement.

Sous les yeux du spectateur, et comme par magie, courent alors dans les airs une chauve souris souriante et le Chat-bus. Au sol, Satsuki fait du monocycle et Totoro saute en tenant son parapluie. Satsuki et un petit Totoro font sauter Mei à la corde, et un petit Totoro détale vers le tronc du camphrier central.

« Vous devriez absolument jeter un coup d’œil aux pattes du chat-bus. Je veux que vous vous approchiez et que les regardiez attentivement. Le mouvement de ses douze pattes est si bien fait que j’ai l’impression que nous avons créé un vrai monstre ! » (Hayao Miyazaki)

À droite du « Totoro rebondissant », on retrouve exposé les figurines qui composent ces cycles d’animation en volume, sculptées par les membres du collectif HAL. Au dessus, les cycles d’animation traditionnels, dessinés à la main, qui ont servi de référence.

« Dans un film, l’animateur peut tricher dans le dessin du mouvement. Ainsi, les animateurs ne connaissent pas nécessairement les mouvements exacts de toutes ces pattes. Mais vous ne pouvez pas tricher avec ces figurines. J’ai entendu dire que des membres du collectif ont été tentés d’abandonner leur travail à la faveur de la nuit, désespérés par la tâche à accomplir ! J’ai vraiment été estomaqué par le travail étonnant qu’ils ont réalisé, qui a de loin surpassé toutes nos espérances. » (Hayao Miyazaki)

Les boîtes panoramiques

« Tout comme les hommes souhaitaient faire bouger des images, ils souhaitaient aussi pouvoir observer d'autres univers. Ils aspiraient à entrer dans le récit ou à voyager sur une terre lointaine. Ils désiraient voir l’avenir et les paysages du passé. La boîte panoramique, sans aucune pièce mobile, existe depuis plus longtemps encore que le zootrope. » (Hayao Miyazaki)

7 à 10 panneaux en verre peint sont disposés en rangées de l'avant à l'arrière de chaque boîte. Le fond est un décor peint. En orientant l’angle de lumières en haut et en bas de ces boîtes, ces rangées de panneaux créent alors un espace générant de la profondeur.

La boîte panoramique Mon Mon, l'araignée d'eau.

Chacune de ces boîtes explore un univers différent lorsque le visiteur regarde à l’intérieur.

  • Mon voisin Totoro : La forêt au début de l’été. Mei observe Totoro cachée derrière un arbre.
  • Princesse Mononoke : Ashitaka traverse la forêt des Kodama.
  • La grande aventure sous-marine : Tout un monde sous la mer.
  • Le Snack Bar de l’ogre : Une menace se dissimule derrière le restaurant.
  • La mystérieuse île volcanique : Le pont d'un navire est secoué par une violente explosion volcanique
  • Boro la chenille : Le monde vu à travers les yeux d’une petite chenille.
  • Mon Mon l’araignée d’eau : Une araignée d’eau nage dans son étang.

Selon Hayao Miyazaki, les intitulés donnés à chacune des boîtes sont « des histoires qui auraient pu être, ou ne seront jamais. Ou encore des histoires qui pourraient être réalisées dès maintenant, ou non. » Ces installations témoignent certainement d’idées de films que le réalisateur aurait voulu concrétiser. Mon Mon, l'araignée d'eau a fini par se exister et est devenu un court métrage exclusif du musée en 2006. Boro la chenille, une vieille idée de film qui revenait souvent dans les propos du maître a aussi fini par voir le jour sous forme de court exclusif en 2018.

La seconde salle d’exposition permanente

Ici, la thématique de cette exposition est l'atelier de travail d'un animateur. On y retrouve la reproduction de l'un d'eux à trois étapes de la production d'un dessin animé. Il faut avouer que le soin et la minutie sont tels que l'on se croirait vraiment dans un atelier (ou du moins dans ce que l'on imagine en être un). Des petits papiers avec des notes de Hayao Miyazaki sont affichés un peu partout. En japonais, certaines notes sont suffisamment imagées pour être comprises sans lire cette langue (comme par exemple, comment utiliser son crayon noir jusqu'au bout). Mais dans l'ensemble, il s’agira là d’une une foule d'informations que le visiteurs non japanophones manquera.

Dans la première pièce, on se trouve durant la phase de pré-production d’un film. Des reproductions de croquis de Mon voisin Totoro, Kiki, la petite sorcière, Porco Rosso, Princesse Mononoke ou Nausicaä de la Vallée du Vent sont affichées sur les murs. Sont exposés également des objets sources d'inspiration pour ces films, telle qu'une poupée de sorcière ou une maquette d'hydravion. Le désordre ambiant renforce le réalisme (qui croirait à un atelier propre et bien rangé ?) et l'on peut même apercevoir le déjeuner de l'animateur, ainsi qu'une foule d'autres petits détails qui rendent ce lieu d'exposition vivant.

Ensuite, dans la deuxième pièce, on passe à la phase de production proprement dite. Sur le mur sont affichés des décors et des cellulos. Ici pinceaux et pots de peinture ont remplacé crayons à papier et gommes. L'atelier est beaucoup plus ordonné, et les détails insolites sont toujours là (par exemple la poupée sorcière ressemble de plus en plus à Kiki). C'est ici que les nerfs des collectionneurs sont mis à l'épreuve. On aimerait tout emporter : croquis, décors et cellulos. Mention particulière d'ailleurs à l'image de la prise de photo dans Porco Rosso, composé de 3 cellulos (Fio et le chef des Mamma Aiuto, les autres pirates et enfin les accessoires).

Entre la deuxième et la troisième pièce, c’est l’intégralité des storyboard des films du studio qui est consultable par les visiteurs.

Enfin la dernière pièce explique comment on filme les décors et les cellulos pour obtenir au final un film. Du procédé de la caméra (que l'on peut manipuler) au projecteur en passant par le montage, tout est présenté avec des notes explicatives (en japonais bien sûr). Cette partie est extrêmement didactique et, même si on ne comprend pas les notes, on a l'impression en sortant de savoir parfaitement comment on filme un dessin animé.