Mis à jour : vendredi 7 octobre 2022

Princesse Mononoke : Personnages

Ashitaka

A cause d'un sortilège hérité d'un dieu-démon, celui qui était destiné à devenir le chef de son village se voit contraint à quitter les siens sans espoir de retour. La malédiction qui pèse sur lui et qui n'a d'autre issue que la mort, se nourrit de la haine, que chacun a en soi.

En partant à la recherche d'une explication à son mal, Ashitaka sera témoin de la folie du monde. Un monde totalement nouveau pour lui, puisqu'il vient d'un village traditionnel complètement isolé. Plus qu'une simple aventure, son histoire est donc celle d'une bouleversante quête initiatique, dans laquelle il apprendra à gérer sa souffrance et à porter sur le monde un regard sans haine.

Ashitaka est le personnage auquel on s'identifie naturellement. D'abord du fait de son destin tragique qu'il affronte avec un courage et une sagesse qui forcent l'admiration, mais aussi parce qu'il fait preuve tout au long du récit d'aptitudes exceptionnelles. Ses prouesses au combat déjà impressionnantes sont rendues surnaturelles par sa malédiction. Alliées à un héroïsme remarquable, elles lui permettront de sauver San, puis Dame Eboshi, et enfin de mettre un terme à la guerre.

Un autre élément clé favorisant l'identification au personnage est le fait que c'est à travers ses yeux que le spectateur découvre les évènements tragiques frappant le pays. Mais Ashitaka est un justicier impuissant, un témoin déchiré par les forces antagonistes du monde. Il ne peut se résoudre à choisir un camp. En effet, prendre parti et combattre ne ferait que répandre la souffrance et la haine, synonymes d'une évolution fulgurante de son mal.

Le rôle d'Ashitaka sera donc celui d'un trait d'union, d'un conciliateur entre les humains auxquels il appartient et les dieux de la forêt qu'il apprend à connaître par amour pour San et par besoin d'approcher le dieu-cerf. Il est le seul, tout au long du film, à professer de manière utopique un monde où pourraient coexister les humains et les dieux.

Hayao Miyazaki affirme avoir un peu d'Ashitaka en lui, et notamment son côté à la fois mélancolique et généreux. Mais malgré sa sagesse et sa droiture, Ashitaka ne peut s'empêcher à plusieurs occasions d'éprouver des sentiments mauvais, qui ont pour effet de raviver le mal de façon spectaculaire.

A la fin du film, c'est aux côtés de San qu'Ashitaka va réussir à se libérer de la malédiction. Il faudra la collaboration des deux héros pour sauver les hommes et les animaux de la mort, et mettre fin au conflit, faisant ainsi disparaître la haine et la colère.

Yakkuru

Yakkuru est la monture d'Ashitaka. Sa race (Yakkle) n'existe pas. C'est un mélange de yak et de bouquetin inventé par Hayao Miyazaki. Yakkuru est l'exemple même de la dévotion pour son maître. Il veillera sur le corps du jeune homme jusqu'à ce que celui-ci soit ressuscité par le dieu-cerf. On le verra aussi continuer à marcher après avoir reçu une flèche dans le flanc. Yakkuru a un rôle assez important dans le message du film : il symbolise ce que peuvent être aussi les rapports hommes-animaux. On voit d'ailleurs Ashitaka partager sa propre nourriture avec sa monture.

Les Emishi

« Un peuple à la dérive » selon Hayao Miyazaki, le village Emishi est la communauté traditionnelle dont est issu Ashitaka. Vivant à l'écart du monde et du progrès, elle s'oppose en tous points à la communauté du Tatara-ba. C'est un peuple sans avenir, qui meurt petit à petit. Vaincu et chassé par l'empereur il y a plus de cinq cents ans, le peuple Emishi a quasiment disparu. Un village traditionnel continue à survivre, caché dans les reliefs du nord-est des terres japonaises, pour s'affranchir de l'oppression du pouvoir en place.

Le déclin inéluctable qui découle de cet isolement semble condamner cette société sclérosée, totalement enfermée dans ses règles et ses superstitions. Ils sont totalement étrangers aux changements que connaît le reste du pays mais vont pourtant injustement payer le prix du progrès.Un dieu-démon vient attaquer le village sauvé in extremis par le valeureux prince Ashitaka. Mais celui dans lequel les Emishi avaient placé beaucoup d'espoir est blessé durant le combat. Victime d'une malédiction mortelle, il doit quitter le village le privant ainsi d'une de ses dernières forces vives.

Le constat est amer. La seule société vivant en harmonie avec la nature et respectant la forêt et les dieux, semble condamnée, victime de ses peurs et d'un passé douloureux. Ce peuple est également une référence historique au peuple Ainu, minorité ethnique vivant dans le nord du Japon, persécutée par l'empereur pendant des siècles. Ce peuple, assimilé de force à la culture nippone et contraint d'oublie ses racines, essaie désormais de défendre et de faire reconnaître son histoire, ses traditions et son mode de vie.

Kaya

Kaya est une jeune fille Emishi et comme les autres filles de sa communauté elle porte une tenue traditionnelle. Kaya admire et aime beaucoup Ashitaka. Elle l'appelle ani-sama ce qui signifie « frère » mais c'est purement une marque d'affection et de respect. Elle lui donnera son petit couteau pendentif, symbole d'amour éternel, avant son grand départ.

Hii-sama

Hii-sama est le médium du village, une vieille femme qui vénère les dieux et lit l'avenir dans de petites pierres et de pièces en bois qu'elle jette sur un tapis. Si elle comprend la malédiction frappant Ashitaka, la balle retrouvée dans la dépouille du Tatari-gami reste pour elle un grand mystère. C'est la preuve du décalage entre ses connaissances et les nouvelles réalités du Japon.

San (Princesse Mononoke)

San est une jeune fille recueillie par les loups après avoir été abandonnée par des humains dans leur fuite. Elle est la fille adoptive de la déesse-louve Moro et la considère comme sa véritable mère. Elle lutte auprès d'elle et de ses deux frères avec acharnement, afin de protéger la forêt des humains et de Dame Eboshi en particulier, qu'elle s'est jurée de tuer. Sa rencontre avec Ashitaka, dont elle tombera amoureuse, ne la détournera pas de ses convictions. Son clan est sa seule famille et la forêt est sa maison.

Si son cœur est du coté des animaux et des dieux, elle a gardé toutes les caractéristiques congénitales des humains. Son intelligence, sa capacité d'analyse (c'est elle qui dirige les attaques des animaux) et sa sensibilité sont celles d'un humain. Mais sa vision extrêmement partiale de la situation et l'incroyable instinct de sauvagerie dont elle peut faire preuve lui donnent une personnalité quasi animale.

L'histoire de San n'est pas seulement celui d'une lutte mais d'une personne qui ouvre son cœur. En tant que personne, elle a évolué tout au long du film, pour à la fin admettre son amour pour Ashitaka dont elle a appris à respecter les convictions.

A l'instar d'Ashitaka, on peut considérer San comme le personnage principal du film. Elle n'est pas au centre du récit et on la voit beaucoup moins qu'Ashitaka (elle n'apparait qu'au bout de 20 minutes et ne parle qu'après trois quarts d'heure). Mais cette relative absence ne fait que renforcer la fascination qu'elle suscite, rendant chacune de ses apparitions bouleversante. San est l'emblème du film car elle incarne les deux combats les plus engagés de Hayao Miyazaki : le féminisme et l'écologie. Ainsi, malgré l'apparente impartialité de ce film, San est là pour nous rappeler le penchant du maître pour un écologisme militant.

Moro

Moro est une déesse-louve âgée de 400 ans. Elle est reconnaissable à sa grande taille et ses deux queues. Son intelligence supérieure et sa force surnaturelle en font une combattante redoutable. Avec son clan, elle a choisi de mener contre La communauté du Tatara-ba une sorte de guérilla, ponctuée de raids fulgurants.

Bien que le clan Moro ne soit composé que de la déesse elle-même, de ses deux fils et de sa fille spirituelle San, ses attaques sont particulièrement efficaces. C'est pourtant durant l'une d'entre elles que la louve est blessée par Dame Eboshi. La balle, comme celle qui a atteint Nago, a l'effet d'un lent poison. Mais, contrairement à Nago, Moro ne cède pas à la haine et attend la mort avec courage et sérénité. Elle espère vivre assez longtemps pour tuer Eboshi, mais elle devra utiliser ses dernières forces pour sauver sa fille.

Moro est en effet une véritable mère pour San. En particulier, elle respecte les choix de sa fille au sujet d'Ashitaka qu'elle n'aurait sinon pas hésité à égorger. Cet amour maternel contraste avec la cruauté dont elle peut faire preuve envers les humains. En cela Moro ressemble à son ennemie jurée...

Avec Moro, plus encore qu'avec les sangliers, Hayao Miyazaki nous montre que le monde animal est aussi dur et intransigeant que peut l'être l'homme, quand il se sent menacé.

Les fils de Moro

Les deux fils de Moro seront les derniers dieux survivants de la catastrophe finale. S'ils ont combattu avec courage, ils ne semblent avoir ni l'intelligence, ni la force, ni la personnalité de leur mère. Ils parlent beaucoup moins, et ne font que suivre les instructions de Moro et de San. Leur petite taille comparée à celle de leur mère témoigne de leur perte de pouvoirs.

Okkotonushi

Okkotonushi, 500 ans, est un des dieux les plus mythiques. Il est reconnaissable par son pelage blanc et ses quatres défenses. Originaire du Chinzai (l'ancien nom pour l'île de Kyûshû), il a traversé la mer avec toute sa troupe pour venir protéger la forêt du dieu-cerf.

Il est venu avec l'intention de tuer les humains qu'il rend responsables des ravages que subit la forêt et du déclin de sa race. En effet, les sangliers voient leur taille et leur intelligence diminuer inexorablement. De peur de n'être bientôt plus en mesure de combattre, Okkotonushi décide de tout jouer sur un unique assaut d'envergure.

D'ailleurs, il s'oppose fortement au clan Moro dans la façon de faire la guerre aux humains. Il reproche à la déesse-louve d'être trop passive. Elle lui reproche d'être inconscient. En fait, elle sait bien que les sangliers se rendent compte de la nature suicidaire de leur attaque. Mais c'est dans leur nature de se battre ainsi et ils tenteront de faire le maximum de dégats, même s'ils doivent tous mourir.

Comme prévu le clan sera décimé par des humains moins nobles mais plus malins. Dernier survivant, Okkotonushi, gravement blessé conduira dans sa retraite les humains au dieu-cerf. Sa douleur et sa colère sont telles qu'il débutera sa transformation en dieu-démon, mais l'apparition du dieu-cerf le subjugue et il mourra apaisé.

Nago

Nago était un autre dieu-sanglier qui a longtemps écarté les hommes de la forêt sacrée. Mais, comme Moro, il a été victime des arquebuses des forgerons. Le poison de la balle lui a causé une souffrance atroce. Accumulant la haine dans sa fuite, il est devenu rapidement maléfique et il attaque aveuglément le village Emishi. Stoppé par Ashitaka, il maudira les humains avant de mourir.

Dame Eboshi

Avant de diriger le village des forgerons, Dame Eboshi était aristocrate à la cour impériale. Ecartée du pouvoir, elle a pris en charge les laissés-pour-compte de la société (esclaves, exclus, prostituées...) et a fondé une communauté indépendante qui vit de la production de fer. Mais cette émancipation a un prix. En plus de la gestion de la forge, Eboshi doit affronter les dieux de la forêt menacés par le déboisement, ainsi que les seigneurs des contrées avoisinantes qui souhaitent s'approprier la production.

Eboshi a soif de reconnaissance ; mais son ambition est aussi de faire le bonheur de son peuple. Elle se bat pour assurer la survie et l'indépendance de sa communauté. Elle est aussi bonne avec ses protégés que féroce et déterminée face à ses ennemis. C'est ce qui fait toute l'ambiguïté de ce personnage capable d'accueillir et de soigner les lépreux et en même temps de piller la forêt et de massacrer les dieux.

Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, on ne peut qu'admirer Dame Eboshi pour son charisme, son sang-froid, sa volonté et ses qualités de chef. Les forgerons lui vouent une confiance et une admiration sans borne. A l'image de Gonza, ils seraient prêts à mourir pour elle.

Eboshi incarne le progrès autant social qu'économique (début de la production industrielle) ou technologique (les arquebuses). Elle a organisé une communauté sans exclusion où chacun a sa place. Profondément féministe aussi, elle donne beaucoup de responsabilités aux femmes. Elle leur apprend par exemple à utiliser les armes à feu, fonction qui leur était traditionnellement interdite. Ainsi, plus que tout autre personnage du film, Dame Eboshi symbolise l'époque Muromachi qui fut une période de profonds bouleversements.

Dans sa guerre l'opposant aux dieux de la forêt, elle réussit à décapiter le dieu-cerf. Dans le cataclysme qu'elle déclenche par cet acte elle perdra un bras et les forges.

La communauté du Tatara-ba

La population du Tatara-ba, des forgerons dirigé par Dame Eboshi, est une communauté en marge de la société et en quête d'indépendance où la solidarité et l'intérêt commun prévalent. Les forges s'apparentent à un village fortifiée. De hautes murailles protègent cette micro-société des menaces extérieures. La communauté du Tatara-ba est composée d'ex-prostituées, des lépreux et autres marginaux chassés de la société japonaise et forcés de vivre dans des endroits reculés. Même si le travail est dur, ils ont trouvé aux forges et auprès d'Eboshi, une vie plus acceptable qu'à l'extérieur. Les forgerons témoignent envers Eboshi d'une loyauté et d'une admiration à la hauteur de leur reconnaissance. Plus qu'un leader, ils en ont fait une mère spirituelle.

Les femmes recueillies dans les villes par Eboshi occupent une place importante dans cette société résolument féministe. Dans les forges, elles travaillent en actionnant des soufflets géants qui entretiennent la fonderie qui permet de produire le fer. Eboshi leur donne aussi un rôle militaire de premier ordre : ayant appris à utiliser les arquebuses, elles participent aux batailles et, en l'absence des hommes, protègent la ville.

Les hommes ont aussi des tâches variées : approvisionnement de la forge, protection des convois, guerre, élevage, extraction...) Ils font souvent pâle figure devant les femmes mais inspirent beaucoup de sympathie à l'image de Kôroku, mari de Toki.

Gonza

Gonza est le chef des meneurs de buffles et des arquebusiers mais aussi le lieutenant de Dame Eboshi. D'allure et de manières assez frustres, il est néanmoins d'une loyauté totale envers sa maîtresse.

Toki

Toki est le symbole de la femme émancipée. Dotée d'une forte personnalité, elle fait figure de leader parmi les femmes. Elle n'hésite pas à tourner les hommes en dérision.

Les lépreux

Les lépreux sont les véritables forgerons car ce sont eux qui utilisent le fer fabriqué pour la fabrication d'armes notamment. Les forgerons travaillent dans un atelier à l'écart. Ils sont recueillis et soignés par Dame Eboshi, qui semble témoigner pour eux d'une véritable compassion.

Les arquebusiers

Ils ne font pas à proprement parler partie de la communauté des forges puisqu'ils ont été prêtés à Dame Eboshi par l'organisation de Jiko-bô pour combattre les dieux et autres ennemis des forges. Eboshi les utilisera aussi pour la production du fer.

Eboshi et les siens pourraient faire figure de « méchants » dans l'histoire avec l'abattage des arbres et la pollution des torrents. Mais ils n'en sont pas moins des parias tentant courageusement de s'organiser et de survivre dans un monde hostile et chaotique.

Jiko-bô

On ne sait pas grand chose sur le moine Jiko et sur la mystérieuse organisation qui l'envoie : le Shishô-ren. Est-ce une secte ? Jiko est-il un membre dirigeant, un simple lieutenant ? Une seule chose est sûre : son but est de rapporter la tête du dieu-cerf, dont la légende dit qu'elle procure la vie éternelle.

Jiko-bô est la première rencontre que fait Ashitaka. On découvre de prime abord un personnage cocasse qui semble porter un regard désabusé sur le monde. « L'important est de ne pas se laisser rattraper par la mort » dit-il à Ashitaka. Si on se souvient de cette phrase, on comprend que Jiko est angoissé par la mort et que, bien qu'il s'en défende plus tard devant Dame Eboshi, il croit au pouvoir de jouvence de la tête du Shishi-gami.

Ainsi pour remplir sa mission, Jiko est particulièrement motivé et prêt à tout. Particulièrement malin et retors, il n'hésite pas à utiliser des manœuvre politiciennes pour convaincre Eboshi de l'aider. En fait, il la manipule et son plan pour vaincre les sangliers et trouver le dieu-cerf se fera au prix du sacrifice de nombreux forgerons.

Pourtant, malgré ses actes infâmes, ce moine à l'aspect débonnaire et au physique peu avantageux n'inspire pas l'antipathie. Car pour Hayao Miyazaki : « Jiko est comme beaucoup de japonais d'aujourd'hui : individuellement, ce sont des personnes parfaitement belles, mais quand ils joignent une organisation, ils deviennent cruels. Assez cruels pour couper la tête d'un dieu. »

Le Karakasen

Le Karakasen (Société des ombrelles de papier) est un groupe de chasseurs sous les ordres de Jiko-bô. Ils portent la même tunique que le moine et appartiennent donc aussi au Shishô-ren. Ce sont des combattants d'élite. Leur principale arme est la sarbacane aux fléchettes empoisonnées, mais ils utilisent aussi les mines et les grenades.

Les Jibashiri

Les Jibashiri (« Ceux qui rampent ») sont des chasseurs/éclaireurs recrutés par Jiko-bô. Ils utilisent des peaux d'animaux pour camoufler leur odeur. Ce sont eux qui suivront la progression d'Okkotonushi dans la forêt et amèneront Jiko et Dame Eboshi à l'antre du Shishi-gami.

Le Shishi-gami (le dieu-cerf)

Le Shishi-gami est le dieu de la forêt et par conséquent de toutes les créatures animales et végétales qui y vivent. Pivot de l'histoire, c'est une divinité ambiguë, à deux visages, qui fait peur et qui fascine.

Le dieu-cerf peut revêtir deux formes. De jour, il a l'apparence d'un cerf à visage humain et aux bois enchevêtrés comme les branches d'un arbre. La nuit, il se transforme en un géant translucide. Sous cette dernière forme, les humains le surnomment Didarabocchi (« Le faiseur de montagnes » dans la version française) et une croyance non-fondée veut qu'il retire la vie à tous ceux qui l'aperçoivent. Tel le Ying et le Yang, Le dieu-cerf possède deux côtés qui à la fois s'opposent et se complètent. Il est à la fois humain et animal, à la fois d'essence divine et mortel. C'est un dieu de vie et de mort. Il est terrifiant et magnifique de voir, à chacun de ses pas, la végétation jaillissant et se flétrissant aussitôt.

Selon des règles obscures que lui seul semble connaître et observer, il dispense la vie ou la mort aux autres êtres vivants. Ainsi il guérit Ashitaka de sa blessure par balle mais reprend les vies de Okkotonushi et de Moro, qui se sont battus pour lui. Les autres dieux et animaux le considèrent comme leur chef alors qu'il ne prend pas part au conflit. En fait, il n'effectue aucun jugement de valeur ; il incarne simplement le cycle de la vie.

Quand Dame Eboshi le décapite, l'équilibre est rompu. Son corps devient alors une entité de mort à la croissance démesurée et qui tue tout être qui entre en contact avec lui. En cherchant sa tête, il détruit la forêt et les forges. Lorsque que San et Ashitaka parviennent à lui rendre sa tête, le dieu s'apaise mais les premiers rayons du soleil le terrassent. Son ultime présent est la guérison de tous les blessés et malades, et surtout une jeune végétation qu'il laisse en héritage aux hommes et animaux. La mort du dieu-cerf est bouleversante car elle marque la fin d'une époque qui remonte à la nuit des temps. Une époque où la nature et les dieux avaient le dessus, où la forêt était protégée de la folie des hommes.

Les Kodama

Dans Princesse Mononoke, la forêt n'est pas qu'un décor. Elle est quasiment un personnage à part entière et le cœur du conflit. Son âme, ce sont les Kodama qui semblent habiter chaque arbre. Créatures totalement inoffensives et attachantes, ils incarnent le côté merveilleux et poétique de la nature.

Ces esprits pacifiques apparaissent et disparaissent quand bon leur semble. Ils prennent l'aspect des petites créatures blanches anthropomorphiques, qui émettent un cliquetis en faisant vibrer leur tête. Par leur taille et leur comportement, ils ressemblent à des enfants. Timides, ils disparaissent si on les approche. Curieux et joueurs, ils s'amusent à singer Ashitaka quand celui-ci transporte un forgeron blessé. D'ailleurs une autre traduction de Kodama serait « écho ». Ils représenteraient alors ce que la nature et l'homme ont de pur et d'innocent. Car avec le Shishi-gami, ce sont bien les seuls êtres qui ne connaissent pas la haine.

Avec la destruction de la forêt, on voit les Kodama périr. Ils tombent des arbres par milliers. La mort violente de ces êtres d'apparence fragile mais que l'on pensait insaisissables renforce cette impression que l'on vit une immense tragédie.

Dans la dernière scène du film, l'apparition d'un petit Kodama (survivant ou nouveau-né ?) au bord de l'eau est touchante. Il est seul et à l'image de l'espoir de renouveau qu'il symbole, il semble bien fragile.