Totoro dédicaces : avril 2004
Lewis Trondheim
L'auteur :
Lewis Trondheim (Laurent Chabosy, dit)
Difficile de résumer en quelques mots la carrière d'un auteur d'une telle prolixité.
Il est d'abord, en 1988, éditeur et unique auteur du fanzine Approximate Continuum Comics Institute H 3319, pour lequel il réalise des pages au graphisme minimal, fonctionnant sur le principe du monologue paradoxal.
Cofondateur de L'Association en 1990 qui réunit JC Menu, Killoffer, Stanislas, Mattt Konture, David B et Mokeit, il se lance dans Lapinot et les carottes de Patagonie. Ces 500 pages improvisées lui permettront de mettre au point son style graphique et de trouver la galerie de personnages animaliers qui seront les protagonistes de nombre de ses histoires à venir. Amateur de contraintes formelles, cofondateur de l'Oubapo, (ouvroir de Bande dessinée Potentielle, équivalent bd de l'Oulipo), il s'est illustré dans presque tous les genres, qu'il détourne invariablement vers un comique très personnel : l'autobiographie (Approximativement chez Cornélius ou Carnet de bord à l'Association), l'histoire muette (La Mouche au Seuil ou Petit Père Noël avec Robin chez Dupuis), l'Héroïc Fantasy (la série tentaculaire Donjon co-écrite avec Joann Sfar).. etc.
Humoriste au ton immédiatement reconnaissable, dialoguiste hors pair, c'est peut-être pour se ressourcer que Trondheim s'octroie en 2004, une petite halte dans cette aventure bd. En effet, si l'on excepte les scénarii de Donjon, il faudra attendre quelques temps pour se procurer un nouvel album du Maître (oui oui, du Maître!). Hey, on a tous le droit de glandouiller un peu après tout !
Skilafé :
Son blog : http://lewistrondheim.com
La rencontre :
Hop là ! Si vous avez bien suivi, on est toujours au salon du livre jeunesse de Montreuil et on est toujours le vendredi 28 novembre 2003. On reprend le récit au moment où je monte au premier étage avec Isabelle pour rencontrer Lewis trondheim.
Si je souhaite l'embêter avec un dessin de Totoro, c'est tout simplement parce qu'à la première page de Monstrueux bazar, Pierre et Jeanne, ses enfants dans la bd comme dans la vraie vie, regardent à la télévision Mon voisin Totoro :
© Delcourt et Lewis Trondheim
Voilà donc un auteur dont j'apprécie particulièrement le travail et qui, sans le savoir, me tend une perche plus grande qu'un camphrier pour ma demande de dédicace.
Quand on arrive, Lewis est déjà là et Ô félicité, il n'y a que 3 personnes devant nous. C'est là l'avantage de squatter les salons et les festivals pendant la semaine, la plupart des gens sont en effet à leur boulot. Aujourd'hui, mon boulot à moi c'est justement d'être sur le salon et ça me fait sourire. Je le dis à Isa qui me fait remarquer que j'ai l'air épanoui depuis que je fais ce job. Professionnellement parlant, elle n'a pas tort. Oups, c'est mon tour :
- Bonjour
- Bonjour
- Voilà, est-ce que vous pourriez me dessiner Pierre et Jeanne avec un totoro ?
- Oui, je vais essayer...
Et là, croyez le ou pas, je trouve rien à dire à Lewis. En même temps, ça doit être la quatrième fois que je le rencontre en 6 mois et j'ai l'impression d'avoir épuisé tous les trucs que j'avais envie de lui demander. En plus, avec un gars comme lui, on pèse toujours un peu ses mots pour pas être trop lourd ou passer pour un blaireau. Comme les gens lui posent toujours les mêmes questions, il faut faire preuve d'un peu d'originalité, et il y a des jours sans...
- Alors, toujours aussi cons les lecteurs ?
Ca, c'est Joann Sfar qui vient d'arriver. Je rigole à cette entrée en matière même pas drôle puis j'explique à Isa qui est ce monsieur.
- ... Entre autres, c'est le co-auteur de l'une de mes séries bd préférées : Donjon...
Il demande à Lewis si tout va bien.
- Wé !
Puis il lui propose de faire un peu de Ukulélé et d'harmonica après les dédicaces.
- Wé !
C'est vrai qu'ils font de la musique ces zozos. J'avais eu l'occasion, en flânant sur pastis.org d'écouter un peu ce qu'ils font. C'est surtout de la déconne pour s'amuser entre potes et il y a une chanson que j'avais trouvé rigolote :
« ... Dans le bayou, y a pas de cailloux... »
Bref, Sfar s'en va faire un tour avant le « show » et Trondheim poursuit le dessin qui prend vite forme. Derrière moi, deux types commentent :
- Hey, il lui fait quoi ? C'est pas un totoro ?
- Si, c'est un cadavre de totoro !
Je me demande s'ils ont raison mais Lewis ajoute le texte et ça m'éclaire. C'est une peluche en fait. Il tend l'album à bout de bras et s'exclame tout fier :
- Et sans modèle hein !
- Bin merci, c'est gentil.
Je laisse la place à Isa qui fait dédicacer pour elle et moi Cyberculture mon amour et quand c'est fini, chacun part de son côté.
En allant voir Boulet je me dis que je suis vraiment une pauvre tâche. J'aurai quand même pu demander à Lewis s'il était fan de Miyazaki ! C'est toujours après coup que je me dis que j'aurai dû dire ça ou ça. Argh...
La dédicace :
« ... Et sans modèle hein ! »
Complètement approximativement :
Les propos qui suivent, datent de février 2004 et sont issus d'un échange de courriels avec Lewis Trondheim. Le but était de l'amener à me parler de son intérêt pour le travail de Miyazaki mais ça devient assez vite du n'importe quoi :
- « Bonjour à vous,
Je souhaitais vous poser une question que j'ai stupidement omis de vous poser les dernières fois où je vous ai rencontré. Au salon du livre jeunesse de Montreuil lorsque je vous ai demandé de me dédicacer Monstrueux bazar en me dessinant un totoro avec Pierre et Jeanne, je voulais vous demander si vous étiez vous même un amateur du studio Ghibli? Le clin d'oeil de la première page de Monstrueux (lorsque les enfants regardent Totoro à la télé) le laisse penser mais je voulais savoir si vous pouviez m'en dire un peu plus. Je vous demande ça dans le cadre d'une petite chronique que je commets sur buta-connection. Le mois prochain, outre le récit de la rencontre, je rajoute un petit texte écrit par l'auteur (Boulet) où il me parle de ses penchants Miyazakiens par le biais de questions-réponses. Je me disais qu'éventuellement, si vous étiez partant, ce serait fantastique de faire la même chose avec vous. Maintenant, je conçois que vous n'en ayez aucune envie, ou que ma démarche ne vous plaise pas ou encore que vous soyez beaucoup trop occupé et dans tous les cas, soyez assuré que je comprendrai. C'est juste une bouteille à la mer.
Très cordialement. Loïc. »
- « Cher Loïc, je n'ai effectivement pas beaucoup de temps pour les questions-réponses. Cependant, je peux vous dire que oui, j'aime bien Miyazaki. Je peux aussi vous dire que lorsque j'étais à Tokyo en octobre dernier, il y a des étages de merchandising Ghibli que j'ai raflé.
A +
Lewis Trondheim »
- « Merci!
J'ai une infosse concernant Miyazaki : quand il est venu à paris il y a 3 ans, il a cherché dans toutes les boutiques spécialisées des produits dérivés concernant les aventures d'une mouche toute blanche... Il a pas trouvé.
Loïc »
- « Et comme il dormait chez moi, je lui en ai fabriqué une avec de la mie de pain... ; )
Lewis Trondheim »
- « Une autre tite question :
vous qui le connaissez bien, Joann Sfar serait-il du genre à refuser de me dédicacer un totoro, en m'humiliant devant des tas gens que je ne connais pas lors d'une séance de dédicace?
Loïc »
- « Il pourra en faire un, mais ce sera bâclé et mal fait parce que je suis sûr qu'il est pas fort en Totoro, par contre il est meilleur en chat noir de Kiki.
Lewis Trondheim »
Courant mars, je me décide à écrire à Walter, ami de Lewis et coloriste notamment de la série Donjon et qui réside au Japon. J'ai envie de savoir s'il se souvient de trucs rigolos sur le voyage de Lewis, plus particulièrement sur sa razzia de produits dérivés Ghibli. Voici sa réponse :
- « Salut,
Hum... je sais pas si je peux te dire la vérité sur le voyage de Lewis au Japon ... Une anecdote sur les achats de Lewis au rayon Ghibli ? Je vais y penser mais je t'avoue que sur le moment je vois pas. Je vais demander à Yuka, elle a peut-être vu quelque chose.
Et puis ça risque d'être spoiler pour ses carnets.
A+
Walter
Ps- C'est drôle j'habite près du parc d'attraction du studio Ghibli. Le dit studio est aussi pas très loin de chez moi en fait. »
Bref, je suis toujours bredouille si ce n'est que j'apprends que Walter habite là où de nombreux amoureux de Ghibli aimeraient se rendre, et qu'il faut que je surveille le prochain Carnet de bord de Lewis, pour avoir plus de détails. Effectivement, dès qu'il sort en librairie, je me le procure et obtient le témoignage dessiné de cet épisode du voyage au japon:
Bon vous allez me dire, qu'est-ce qu'on s'en tamponne que Lewis achète des objets dérivés Ghibli. Vous n'avez pas tort, je trouve juste ça marrant, c'est tout.