Spécial Angoulême 2005
Jeudi 22 janvier 2004 : Aris, Sattouf, Dauvillier, Lizano, Poupon
Nicolas alias Maubec m’appelle mardi soir, pour qu’on se donne un rendez-vous précis sur Angoulême. En working boy qui se respecte il sera occupé toute la journée de jeudi. Ah le bougre ! En plus il a un repas prévu avec Kan Takahama et Craig Thompson. Peut-être qu’il y aura également Art Spiegelman l’auteur de Maüs... Nom d’un prix Pulitzer ! Maubec je suis jaloux et je te hais !
Bref, nous voici le jeudi matin à 7h50 et je n’ai qu’une pensée en tête : « Angoulême tu fais chier » ! Vent glacial, grève des trains, lorsque enfin la ville me tend les bras c’est pour mieux me tenir à distance par une grande foule agglutinée devant les bulles... Pas grave ! En fin stratège je me dirige vers la bulle sud, en apparence la moins convoitée.
Moi qui depuis 10 ans ai toujours commencé par celle du nord, je déroge à la règle ! Petit coup d’œil rapide chez Casterman : Craig Thompson à 16h30, Spiegelman 17h30... Je suis sûr que de toute façon ils seront assaillis alors je décide d’en faire rapidement mon deuil. Quand je pense que Nicolas mangera tranquillement avec eux...
Hop, direction l’autre bulle du coup, et au stand soleil je m’arrête dire un petit bonjour à Jean Luc Sala et Pierre-Mony Chan. Jean-Luc me propose de repasser avant midi voir si on peut manger ensemble. Bonne idée... En attendant, les bulles sont vides et je ne sais pas encore quoi faire de ma pomme.
10h30 - Je demande au stand Glénat un programme des dédicaces et juste sur la droite, se trouve une pub pour le art-book du Château ambulant. Serait-ce un signe ? En tous cas, perdu dans mes pensées, je constate que je croise encore et toujours les mêmes têtes de blaireaux... Ces chasseurs de dédicaces sans scrupule qui parasitent les festivals avec leurs valises à roulettes. Arf...
11h45 - Rencontre autour d’un album au profit de Greenpeace : Dessins pour le climat.
Une gosse de 4e pose des questions ineptes : « aimez-vous les mangas ? En dessinez-vous ? ». Charles Masson se prête au jeu de l’interview et si je suis sûr d’une chose intuitivement, c’est que cet homme ne m’apprécie pas. Pendant que je parle à la responsable du projet, c’est une sensation assez irrationnelle que j’éprouve, juste comme ça... Moi par contre j’avais aimé son Soupe froide qui avait connu un écho très favorable auprès de la critique. L’histoire de ce SDF qui brave le froid de la nuit d’hiver pour quitter ce refuge dont le personnel lui avait servi une soupe non réchauffée. Un affront fait à la dignité qui reste à cet homme...
12h45 - Aris est arrivé sur le stand Delcourt pour dédicacer Le vieux Ferrand, sa bd en trois tomes réalisée sur un scénario de Gibelin. Il y a cinq personnes devant moi. Le temps de me décider à lui demander un hommage au Château dans le ciel. Je sais qu’il est fan de Miyazaki pour avoir repéré un clin d’œil à Totoro dans sa bd, mais acceptera t-il pour autant ?
C’est ma première rencontre avec ce garçon et il m’apparaît immédiatement très sympathique. Il m’apprend qu’il a un projet avec François Duprat ; ils sont amis depuis longtemps et c’est même lui qui l’avait introduit chez l’éditeur Petit à petit en présentant le manuscrit de Mon cousin dans la mort. François semblait ne pas assez croire en lui pour présenter son projet...
Je remercie donc Gilles Aris car sans lui, j’aurais été privé en tant que lecteur d’un petit joyau (mais j’en ai déjà dis le plus grand bien par le passé alors vous le savez déjà !). Tandis qu’il accepte de me dessiner le robot de Laputa, je lui demande si il a été marqué par Totoro.
- Toute la profession est touchée par l’œuvre de Miyazaki. Marqué par Totoro non, si j’ai fais un clin d’œil c’est tout simplement parce que c’est le symbole de Ghibli. Et puis un Totoro, c’est facile à introduire dans une case !
Il aime beaucoup Le Château dans le ciel mais n’a pas encore vu Le Château ambulant qui vient de sortir.
- Je ne sors pas de chez moi en ce moment, tellement je travaille...
- Mais faut sortir ! Sinon tu vas finir grizmine-agoraphobe ! ^_^ Il sourit et me tend mon (superbe) dessin. Hé puis hop, se ravise et me rajoute un coeur près du robot.
Je lui dis à demain pour la signature de Greenpeace...
13h50 - J’ai raté Jean-Luc Sala pour manger alors me voici seul au bureau, le fief de la marmotte et moi l’année passée. Je fais le point sur les auteurs que j’ai très envie de rencontrer… Et puis cet album collectif sur le réchauffement climatique est une bonne occasion de rencontrer des gens !
14h30 - Justement en croisant la fille de Greenpeace qui me salue j’ai idée de retourner voir sur le stand Glénat si un nouvel auteur est arrivé. Buscaglia se fait désirer, ce qui me laisse le temps de discuter avec Mathieu mariolle, le scénariste de Pixie.
Je lui donne mon avis sur son album à savoir qu’ils auraient pu tomber dans l’écueil du « je fais du manga à la française pour surfer sur une mode », juste pour vendre quoi ! Cependant, là le côté « voyage dans l’imaginaire » de cet album le sauve en apportant une substance vitale pour prétendre à la qualité. Mathieu m’explique qu’ils ont un peu voulu faire une espèce de Final Fantasy. Quant à ce graphisme proche de l’esthétique manga, c’est tout simplement parce qu’Aurore ne sait pas dessiner autrement. Grandie avec le Club Dorothée, elle est amatrice de Sailor Moon et Dragon Ball.
Nous parlons ensuite du studio Ghibli et il me dit qu’il aurait été ravi que je passe au festival Delcourt pour faire une demande Totoro. Ouais, sauf qu’à l’époque il y avait trop de monde pour moi. Une nuée de fans même… Pas mal pour un premier album !
Il me conseille de regarder certaines BD car des clins d’œil Totoro se cachent dans les cases. Gnark gnark, il ne sait pas à qui il parle ! Je souris et lui sors de mon sac le dossier de noël spécial Bd Ghibli (devenu l’encyclopédie évolutive) imprimé que j’ai emmené avec moi pour le donner aux auteurs qui avaient bien voulu répondre à mes questions. Il le lit pendant que Buscaglia fait un croquis sur mon album Greenpeace.
- Beau travail, t’as du passer du temps !
Le dessin fini, je les salue et Mathieu me dit que c’est cool de rencontrer quelqu’un de sympa dans un festival:
- D’habitude les gens sont silencieux…
Direction Serge Tisseron le psychanalyste (si, si !), puis Caza :
- Bravo pour Les enfants de la pluie !
- Ah c’est le travail de toute une équipe ce dessin animé. Surtout en France c’est très dur de mener à terme ce type de projet…
Bref, voici le rendu des crobars de la journée sur ma bd écolo.
16h10 - Comme ce n’est pas aujourd’hui que je ferai les expos d’Angoulême, je me rends à nouveau à la bulle sud. Là, je rencontre Loïc Dauvillier et je l’aborde pour lui expliquer que je suis pote avec son frère Gaël. Nous étions en licence ensemble à St Cloud. Je lui parle de la librairie où je travaille à Bordeaux et puisque lui-même est bordelais, il me dit qu’il passera me voir. En fait, il ne viendra jamais...
François Duprat et Efix passent derrière lui et je les salue. Loïc demande si je les connais et François répond « bien sûr qu’on connaît Loïc !». Grands sourires échangés. Puis Marc Lizano arrive.
Muni de mon tome 1 de la petite famille, je lui demande de mettre en scène son Ghibli préféré et il entame un dessin de Porco Rosso.
17h00 - Stand Dargaud. Est annoncé le très médiatique et talentueux Riad Satouff. Ce mec qui met en scène la misère sentimentale et/ou sexuelle de jeunes contemporains le fait avec beaucoup d’humour et j’ai très envie de le rencontrer depuis longtemps. Mais...mais... Nom d’une andouillette cachère ! Il dédicace juste à côté de Joann Sfar. Sfar, l’homme aux bites, le type que je m’étais juré de fuir coûte que coûte !!! Vais-je oser demander un Totoro avec cet énergumène à côté avec le risque d’être reconnu ? Et sans trouver la réponse, me voilà à attendre avec mon album des Pauvres aventures de Jérémie dans les mains...
- Tu veux un Jérémie ? me demande un garçon au regard éveillé.
- Non Florence si c’est possible.
Et c’est parti ! Zut, il a l’air sympa comme tout et Sfar est bien trop occupé à faire le pitre pour m’écouter. Allez, je lui demande...
- Dis, j’ai vu ton clin d’œil à Totoro dans cet album alors tu pourrais en rajouter un sur la tête de Florence ?
- Tiens c’est marrant, c’est la deuxième fois qu’on me demande ça !
- Ah bon ? (étonné)
- Mais je te préviens je ne sais pas le dessiner bien Totoro !!
- Pas grave. Avec ton graphisme ça va être marrant.
La conversation s’oriente assez rapidement sur le boulot que je pratique (oui, cet auteur pose des questions sur le sujet à tous ses lecteurs) puis sur son style de graphisme qui à l’origine était plutôt réaliste lorsqu’il faisait Petit Verglas chez Delcourt, puis totalement humoristique. Il me demande quel type de dessin je préfère. Je lui réponds par une question, à savoir s’il aurait pu faire Les pauvres aventures de Jérémie avec un dessin réaliste ? Il me dit que l’humour aurait sans doute moins bien fonctionné avec un dessin hyper chiadé dans lequel il est de toute façon moins à l’aise...
18h30 - Je finis ma journée avec Nicolas Poupon. Je viens juste de me procurer Rex et le Chien la nouvelle BD du papa du Fond du bocal.
Présomptueux que je suis, je propose à Nicolas un scénario que j’ai écris pour ma dédicace… Pour les plus oublieux d’entre vous, je rappelle que monsieur Poupon est un gars vachement sympa. Il joue donc le jeu mais en modifiant toutefois un tout petit peu à sa sauce...
19h15 - Voici l’heure du retour. Je dois dormir à Tours chez mon amie Sandrine qui a la gentillesse de m’héberger, pour repartir avec moi le lendemain traîner au festival. En repartant pour le royaume des trains en grève, je croise un chat noir… Jiji, c’est toi là-bas dans le noir?