Ghibli dans la BD occidentale : T

TAMIAZZO Stefano

Il suffit de voir le graphisme du dessinateur de La Mandiguerre pour que l'influence exercée sur lui par Miyazaki saute aux yeux. Il est l'auteur d'un hommage de 8 pages dans le numéro 2 de Pavillon Rouge :

Voici maintenant un clin d'œil trouvé dans les carnets de la première édition du volume 1 de La Mandiguerre (regardez plus particulièrement le moteur) :

TAREK

Un soir par hasard je suis tombé sur Mon voisin Totoro... Etant fatigué, je suis allé me coucher en me disant que Canal + repasserait ce film d'animation. Ma stupeur fut grande en découvrant que c'était une soirée spéciale sans rediffusion. J'ai donc cherché la cassette : introuvable ! Alors pour le coup, je me suis mis à regarder les autres films de Miyazaki.
Mon voisin Totoro est selon moi un chef d'œuvre ! La relation entre les deux sœurs, la vision onirique de la nature et la manière de raconter m'ont vraiment impressionné. Dans Le voyage de Chihiro, j'ai retrouvé une partie de la magie de Totoro ! J'aime également Takahata, peut être plus que Miyazaki... La famille Yamada et surtout son chien Potshi me font rire aux larmes à chaque fois !
J'ai quasiment regardé toute leur production disponible en France... Porco Rosso est certainement celui que je voudrais revoir... J'ai raté les cinq dernières minutes ! Mais mes deux films préférés sont Mon voisin Totoro et ensuite Princesse Mononoke.
Quant à savoir si je suis influencé par le travail de Miyazaki je ne pense pas du tout. J'adore les films produits par ce studio, mais mon rapport est celui d'un simple spectateur. Inconsciemment, il y a peut être des choses qui viennent à mon esprit...

TARRIN Fabrice

Je trouve que les dessinateurs Japonais mettent trop souvent en scène (dans 97% des cas) des gamines pré pubères habillées de jupettes aux prises avec le vent. Elles sont rarement laides, pourtant leurs yeux sont anormalement énormes. Le Voyage de Chihiro (le premier Miyazaki que j'ai vu) échappe à la règle, l'héroïne a un caleçon très court. J'ai trouvé le film pas mal mais je m'attendais à quelque chose de transcendant. La magie n'a pas opéré chez moi. Même dans ses autres longs métrages (Princesse Mononoke, Le Château Ambulant...). J'en garde toujours un souvenir vague, intéressant mais flou. J'ai en outre le sentiment que c'est très étrange de ne pouvoir raconter des histoires qu'à travers des petites filles sexy de moins de 15 ans. Je pense qu'au Japon, la femme n'a pas une place enviable ; je dirai qu'elle est plus "soumise" à son mari et plus femme au foyer qu'en France par exemple. Et je me demande si passé 30 ans elles ne se sentent pas (via la culture manga) dévalorisées ou en décalage avec cet esthétisme pour les nymphettes. C'est une question que je me pose. Les Japonais sont machistes à fond et là je suis le porte parole d'amies Japonaises venues vivre en France. Là-bas existe une véritable « Lolita mania » assez malsaine. Cela ne se voit pas trop dans l'oeuvre de Miyazaki bien sûr (elle n'est pas libidineuse), je parlais juste des séquelles : raconter des histoires avec de belles gamines de préférence, une grosse tendance, même si ce n'est pas une généralité. Violine (nom de l'héroïne bd de Fabrice, NDR) a une grosse tête et n'est pas super sexy je trouve. Ainsi je pense que c'est amusant de comparer la BD avec la culture du Pays. Au Japon elle serait dessinée de façon beaucoup plus sexy c'est évident, sinon elle ne plairait pas au public. En France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, la majorité des bd qui cartonnent parlent de gamins également : Titeuf, Cédric, Le p'tit Spirou, Kid Paddle... Cependant, tu noteras qu'on ne voit pas des lolitas avec de grandes jambes dedans...
Pour revenir à l'œuvre de Miyazaki dans Chihiro, j'adore l'idée des parents qui se transforment en cochons, image Oedipienne fabuleuse... Le porc et la truie. Et la gamine qui court de façon géniale, les bras en avant, c'est très mignon et extrêmement bien vu.
En fait, je crois que je décroche dès l'apparition de sorcières ou d'autres trucs trop magiques. Trop de magie dans la magie tue la magie.
Ca, c'était pour dire du mal. Pour dire du bien, j'adore Mon voisin Totoro. Celui là, j'ai accroché à fond. La magie dans Totoro, je l'interprète davantage comme de la poésie, de l'onirisme... Il n'y a aucune surenchère. Ni de méchants, de sorcières, de maléfices et autres artifices bidons. Tout est surprenant, original et rigolo et en plus, chose rare, ce film n'est pas manichéen !

THOMPSON Graig

... J'adore aussi le travail d'Hokusai, un illustrateur japonais classique du XIXe siècle : il est l'auteur de cette fameuse image de vague, devenue iconique. Sinon, j'aime beaucoup l'animation japonaise et mon auteur favori dans cette branche est évidemment Miyazaki.

Propos recueillis dans Bang n°1 spécial Mangas.

« Grands dessinateurs de la nature – Miyazaki ».
Détail de la page 131 d'Un Américain en balade par Craig Thompson. Casterman.

TOMPOUCE

Jeune, je connaissais le personnage de Totoro de réputation pour avoir feuilleté divers magazines consacrés aux mangas mais je n'ai découvert le DA que ces dernières années, à l'occasion d'une ressortie pour la fête du cinéma à Lorient. C'était l'occaz ou jamais de vérifier sa réputation. Ca a été un coup de foudre qui s'est confirmé en voyant ses autres films mais aussi quelques incroyables artbooks.
En plus, faut bien le dire quand même, j'ai rarement trouvé un auteur aussi heu... sensible. Un trait aussi simple et aussi juste, le rêve de tout dessinateur quoi. Et l'animation est toujours aussi pointue, fluide, ça coule de source en quelque sorte. D'ailleurs je me rends compte en écrivant que je raccroche beaucoup de termes aqueux à son univers... C'est bizarre tiens... Ensuite, il y a évidemment le côté univers enfantin mais qui a conscience de la maturité des enfants sur certains sujets, ce que les adultes nient généralement à leurs gosses.
J'en suis pas arrivé à tout commander en V.O mais je vais évidemment voir ces productions en salle dès qu'elles arrivent en France. Et en fait heu... En y réfléchissant j'ai plusieurs vidéos Ghibli que ma fille de deux ans connaît déjà par coeur (sic!) et je me retiens de lui acheter une peluche Totoro aperçue dans une librairie manga...
En tous cas, moi j'ai un faible pour Mon Voisin Totoro qui est vachement attachant mais je dirais cependant que ma préférence va pour Le Voyage de Chihiro. Celui là m'a scotché. Je l'ai vu trois fois au ciné en deux semaines. Et je le regarde encore sans savoir expliquer ce qui m'attire...
Je ne peux pas vraiment dire que je suis influencé par le travail de Miyazaki même si j'aimerais avoir sa maîtrise mais bon, tout ce qui nous plait reste gravé et ressurgit par un biais quelconque non ?

Nombril Comix dans le Vélo 33B par Tompouce. La boite d'Aluminium.

TRANTKAT

J'ai découvert Hayao Miyazaki avec Nausicaä de la vallée du vent, qui avait été distribué en France en VHS sous le titre La princesse des Etoiles, il y a 15 ans de cela... J'ignorais que c'était un DA japonais et encore moins un Miyazaki... Du haut de mes 16 ans, j'avais néanmoins été séduit par le ton et l'action à l'époque.
Depuis, c'est la cohérence du propos, l'univers poétique et le message écolo/pacifiste de Miyazaki qui m'intéressent le plus. J'ai vu tous les long-métrages Ghibli et la plupart des séries TV sur lesquelles ont travaillé Isao Takahata et Hayao Miyazaki avant de créer le studio. A 20 ans j'ai pleuré pour la première fois devant un film en visionnant Le tombeau des Lucioles et à mes yeux, ce n'est pas une mince affaire pour un garçon. Mes films préférés de Ghibli sont Mon voisin Totoro, pour son histoire d'une simplicité exemplaire, bourrée d'émotion, et Laputa pour son coté épique et virtuose, dont je trouve la narration parfaite. Quant à savoir si je me sens influencé par les films Ghibli... Je dirai que le travail de Miyazaki remporte ma faveur en tant que spectateur, ses histoires font partie de moi désormais, mais il n'y a pas d'influence directe de son travail sur le mien.
En revanche, je pense que ce qu'il m'a apporté humainement est très important... Comme un grand-père qui m'aurait raconté des contes lorsque j'étais enfant.

HK par Morvan et Trantkat. Glénat. Porco Rosso inclus dans la 1ere édition exclusivement.

TRONDHEIM Lewis

Je peux vous dire que oui, j'aime bien Miyazaki. Je peux aussi vous dire que lorsque j'étais à Tokyo en octobre dernier (octobre 2003 ndr), il y a des étages de merchandising Ghibli que j'ai raflé...
Difficile de dire quel est mon préféré. Tout dépend de l'âge auquel on voit le film, ou de l'ordre dans lequel on découvre l'oeuvre de Miyazaki.
Et généralement, je n'aime pas l'idée de classement, je trouve ça bête et scolaire.
J'aime que Miyazaki ait existé, existe et vive encore un moment. Il a un formidable imaginaire et sait le rendre populaire.

Monstrueux bazar par Trondheim. Delcourt.

Monstrueux bazar # 3 par Trondheim. Delcourt.

Les Carnets de Lewis par Trondheim. L'Association. 

TURF

Clin d’œil inconscient ?

BDK : Dans le monde extérieur à la Nef, on trouvait déjà des Schloumpfs, en hommage à Peyo… Les éphémères sont un clin d’œil à Miyazaki ?

Turf : en fait, non. J'ai retrouvé de vieux croquis réalisés en 1989, à l'époque où je faisais du dessin animé. J'avais ébauché les têtes de ces personnages transparents, sans les corps. Ce n'est qu'à la mise en couleurs que je me suis rendu compte que ça faisait penser aux sylvains de Miyazaki. Mais c'est vrai qu'il y a de nombreux clins d'œil dans la série.