Ghibli dans la BD occidentale : B
BARBAUD Jean
J'ai découvert le travail de Miyazaki par les art-books circulant dans le studio de dessin-animé où je bossais. J'ai été séduit par la sensibilité des dessins, la très belle qualité des décors (lumières, détails justes,...) ainsi que le côté "mignon" des personnages animaliers. Par la suite je me suis intéressé à l'ensemble de la production du studio et j'ai aimé le Tombeau des Lucioles, entre autres. Mon film préféré de Miyazaki est Porco rosso... pour l'instant !
J'adore aussi Mon Voisin Totoro (J'ai casé un Totoro en porte-clé dans la voiture du Fou Mandchou dans Mac Fly tome 3) et Kiki la petite sorcière, mais ai été un poil déçu par sa Princesse Mononoké. Quant à savoir si je suis moi-même influencé par le travail de Miyazaki, je dirais qu'inconsciemment, c'est sûrement le cas... comme je le suis par des dizaines d'autres. Il me pousse en tout cas, à essayer d'être assez perfectionniste et à tenter de faire jouer "juste" mes comédiens sur papier :o)
Pour l'anecdote, j'ai eu le plaisir de recevoir un de ses albums sur les hydravions, dédicacé d'une tête de cochon, après lui avoir envoyé mon album de caricatures aéronautiques dans lequel j'avais crayonné pour lui une 2CV (sa voiture de prédilection) volante. :o)))
Maëstro-Totoro pour Animeland
BARTE Allan
Part 1/ Mafalda, Snoopy, Les Boondocks, Pim Pam Poum, Fuku-chan, Calvin et Hobbes, Nancy, Nos Voisins les Yamada, Hägar Dünor le viking, Garfield et bien d'autres comic's strip sont-ils des incontournables parmi vos lectures et ont-ils joués un rôle dans votre envie de dessiner des bds au format court sur ton blog (même si de mémoire tu n'as jamais fait d'histoire en 4 cases) ?
Haha, j'avais complètement oublié Hagar Dunor ! Pourtant c'était le premier truc sur lequel je me ruais avec Pim Pam Poum. Pourtant je ne crois pas que cela me faisait vraiment rire. En fait, je suis un fainéant, et je crois que l'idée de terminer une histoire après n'avoir parcouru que quelques images m'a toujours séduit... même si j'en suis un peu revenu.
En ce qui concerne les comic's strip en tant qu'auteur (hu hu hu !) ça s'est fait comme ça. Le format blog me contraignait à un rythme régulier sans que je veuille faire l'effort de réfléchir à l'avance à toute une trame narrative. J'avais envie d'être dans le quotidien sans trop me préoccuper de ce que j'allais faire le lendemain. C'est ainsi que s'est imposée l'idée d'une petite blague par jour. Je voulais que ça soit assez efficace voire parfois lapidaire comme peuvent l'être les gamins. Des petits strip correspondaient donc à "l'esprit lutin" :P
Le format d'histoires dessinées en peu de cases ne semble pas rencontrer un fort succès chez les éditeurs français, contrairement aux Usa ou au Japon, alors qu'il fait fureur sur de nombreux blogs de dessinateurs. Penses-tu qu'il s'agisse d'une question culturelle, d'un manque de prépublication dans la presse quotidienne ou pour d'autres raisons ?
A vrai dire je ne me suis jamais posé la question avant d'en faire. C'est vrai qu'à part Le chat qui marche bien, ce format n'occupe pas vraiment le devant de la scène. Ca fait peut être encore moins "sérieux" que les autres BD. De mon point de vue, ce que je regrette dans nombre de strips, c'est qu'on a l'impression que les personnages évoluent dans une bulle ! Ils ne rencontrent personne d'autre que les 4 ou 5 personnages secondaires, ce qui s'est passé la veille ou il y a dix mois n'a absolument aucune incidence sur leurs réactions ou leurs pensées au quotidien. En fait, ces personnages n'évoluent pas. Au bout de quelques temps, on est devant des situations figées qu'on peut mélanger sans qu'il y ait d'anachronisme, puisque le temps ne semble pas y exister ! C'est, à mon avis, difficile pour certains de vraiment "rentrer" dans un monde qui fait factice, un monde de carton-pâte et du coup parfois répétitif... Même si j'essaie de le faire évoluer, je ne suis pas sûr que mon lutin soit exempt de ces critiques.
Part 2/ Peux-tu nous parler de ton rapport avec les films du studio Ghibli (comment as-tu découvert, qui, quoi, quand, où ?). As-tu vu Mes voisins les Yamadas d'Isao Takahata et si oui qu'en as tu pensé, qu'as tu ressenti en le voyant ?
Emu, amusé, captivé tout seul ou en famille, as-tu un souvenir marquant et magique lié au visionnage d'un Ghibli ?
J'ai découvert Ghibli avec Totoro ! Et là je me suis dit: "waouh !" Le trait, l'univers, la poésie, tout m'a tout de suite séduit. Petit, j'était animiste (je dis petit pour pas avoir l'air ridicule). Tout était vivant. Les arbres, les animaux, même mes peluches. A travers ce prisme, le monde est bien plus dense, rayonnant, riche. J'étais persuadé qu'au détour d'une ballade, j'allais rencontrer une fée amoureuse, un hérisson qui chante ou bien encore un chêne majestueux qui me demanderait de l'aide. J'ai redécouvert ces croyances de petits garçons à travers Totoro. Elles prenaient vie.
C'est juste après que je réalisais que les dessins animés de Sherlock Holmes que j'adorais avaient été réalisés par le maître Hayao Miyazaki.
A partir de là, j'ai regardé tout ce que j'ai pu. Et si j'adore Totoro, je crois que Princesse Mononoké est une de mes plus belles expériences de cinéma. C'est un film intelligent, très loin de tout manichéisme, beau, poétique et en résonance parfaite avec mes rêves de petits garçons (waouw, rencontrer une fille élevée par des loups ! :-P )
Les Yamadas occupent une place toute particulière pour moi puisque ma chérie m'y a emmené lors de l'un de nos premiers rendez-vous pour me séduire. J'ai tout de suite accroché et ça m'a fait hurler de rire. C'est le dvd de Ghibli que je regarde le plus, y compris parfois en simple bruit sonore : j'adore la musique. Je me retrouve très souvent à la chantonner !
Pour conclure, il y a quelque chose d'incroyable dans l'universalité des ces films. Le Japon est quand même très différent de la France et pourtant ces dessins animés me touchent bien plus profondément qu'un Walt Disney. Ma petite filleule dès 2 ans demandait qu'on lui passe Totoro en boucle et la seule version qu'on avait était pourtant en japonais. Elle dit d'ailleurs: "Totorlo" à la japonaise !
Allan :-)
BELLAMI Bruno
Bruno Bellamy est un fan de Ghibli depuis pas mal de temps, puisque cet extrait de Sylfeline, où l'on peut voir Totoro et Nausicäa sur les posters ornant les murs de ce conapt, date de 1993 :
Et il aime toujours, puisque dans sa dernière BD Showergate, Totoro fait une apparition:
BERTHET Philippe et YANN
Yoni # 1 par Berthet et Yann. Dupuis.
BESSADI Bruno
Zorn & Dirna par Bessadi, Trannoy, Morvan et Color Twins. Soleil.
Image trouvée sur http://www.zarmatelier.com
BIANCO Guillaume
Couverture de l'Inédit # 19 de Tony Larivière par Bianco
BLANCHARD Fred
Ses influences sont diverses et vont de dessinateurs américains comme Geof Darrow ou Mignola à des japonais comme Miyazaki et Shirow en passant par des européens incontournables comme Moebius ou Franquin.
BODIN Nathalie
J'ai découvert Miyazaki avec Princesse Mononoké. J'ai aimé le thème de ce film et la façon poétique dont il l'aborde. La nature face aux intérêts de quelques hommes reste un sujet très actuel. Même si le Japon ne montre pas la voie de la sagesse en relançant la chasse à la baleine ! A côté de cela, j'ai vu dernièrement un très bon reportage sur une famille japonaise qui s'est engagée depuis deux générations à protéger et comprendre les singes « nihon-zaru », qui peuplent le nord du Japon. Tout à commencer quand le grand père a trouvé un jeune macaque qui n'avait ni bras, ni jambes et l'a nourri au biberon. Le singe a vécu avec lui de longues et heureuses années, malgré son infirmité. Le jour de sa mort, le vieil homme l'a pleuré comme un enfant et a fait ériger une stèle en sa mémoire. Emue, la population a envoyé des dons et de là, est né dans l'esprit de cette famille, l'idée de se consacrer à la protection des singes.
Pour en revenir à Miyazaki et à ce qui m'a séduit dans son travail, c'est que ses films sont tout en sensibilité. Ses personnages passent par toute la gamme des sentiments humains, tantôt attendrissant, tantôt pathétique, tantôt égoïste ... Des personnages qui nous ressemblent, pas des super héros, mais des gens comme nous qui réagissent avec faiblesse ou courage aux circonstances. Bien que Princesse Mononoké m'ait donnée envie d'écrire une histoire qui se passe au Japon, je ne le préfère pas aux autres films ; chacun me plait à sa manière.
BOILET Fredéric
Depuis le milieu des années 80, et les albums de Francis Masse ou la Fièvre d'Urbicande de Schuiten et Peeters, ce qui m'a donné, et me donne encore, furieusement envie de continuer à faire de la B.D, ce sont des films [...], parfois des dessins animés comme Le Tombeau des Lucioles, d'Isao Takahata.
Propos recueillis dans Jeux d'influences paru aux éditions PLG.
BOLVIN David
J'ai découvert Miyazaki grâce à la revue Kaméha qui avait fait un bon papier sur Porco Rosso à sa sortie française, j'y ai couru et j'ai adoré ! J'avais d'abord dévoré tout petit sa série Sherlock Holmes à la télé, mais à l'époque je ne savais pas que c'était de lui aussi...
Le premier film que j'avais vu seul au cinéma (sans mes parents) était déjà un film d'animation japonais : Akira. Ca n'a rien à voir mais c'est pour dire que j'étais prédisposé à aimer ce genre de cinéma (l'animé japonais)... une première fois ça compte toujours beaucoup,... et pour tout !!!
Je crois que ce qui m'a séduit est l'émotion qui se dégage de ses dessins. Cette recherche du mouvement, de la justesse de chaque émotion retranscrite parfaitement. Et puis la personnalité du bonhomme qui transparaît dans toute son oeuvre. Une sorte de grand-père idéal !
J'avais lu un super article (une interview-croisée avec le grand maître Kurosawa) dans H.K, et j'adhère vraiment à ses points de vue, et j'apprécie vraiment beaucoup ses films les plus "légers" quand ils arrivent à faire passer plein d'idées et d'émotions à travers deux fois rien (passer la serpillière en été à la campagne, faire du thé, caresser un chat...).
Du coup, je me suis évidemment intéressé au reste de la production du studio Ghibli. Plutôt deux fois qu'une ! J'essaie toujours de voir toute la production d'un réalisateur, quand il m'a touché. Et ce dans tous les genres et sur tous les supports ! C'est une habitude de cinéphile passionné qui me vient de mon père. Et je n'attends pas forcément que ça sorte en France. Ainsi, mes deux films préférés sont Mimi O Sumaseba et le téléfilm de commande absolument sublime (voire quasi-parfait comme les films de Satoshi Kon) Umi Ga Kikoeru !
J'adore aussi Mes voisins les Yamada et bien entendu Mon voisin Totoro, et Porco Rosso !!!
Si le travail du studio et de Miyazaki, en particulier, m'influence, c'est surtout au niveau du fond. Cette capacité de s'approprier toutes les histoires et de retranscrire par le dessin les choses qui nous entourent, et le monde dans lequel on vit. Comme Taniguchi, quand il dessine L'homme qui marche (Ah quelle BD !!!!)... La plupart des films de Miyazaki sont des adaptations, mais il a toujours su insuffler sa vision et faire ressortir les thèmes qui lui étaient chers. C'est ça surtout qui m'influence, je crois.
Comme chez Kubrick, chaque adaptation est une nouvelle leçon pour tous les scénaristes en herbe ou les dessinateurs travaillant avec des scénaristes ! Toujours placer un peu de soi, dans le moindre dessin même de commande.
J'ai vu l'exposition Miyazaki-Moëbius au Musée de la Monnaie et j'avoue que j'ai été un peu déçu. Mais c'est le pro qui parle ! J'ai trouvé qu'il n'y avait pas assez d'originaux !
Ceci étant dit, c'était très didactique et assez ludique (même si j'avais déjà vu le making-of de Princesse Mononoké). Disons que pour un public non-initié ou très jeune, ça doit être une très très bonne expo.
Pour finir, je parlerai du Château ambulant, et là on touche le point sensible. Disons que c'est, à mes yeux, un des plus dispensables de Miyazaki, ou alors je ne l'ai pas trop compris. L'impression d'assister à un plat en train de se faire, à une recette de cuisine décortiquée sous nos yeux. J'essaierai de le revoir. Mais je trouve que dernièrement, Miyazaki a un problème de rythme à régler dans ses films. Il lui faudrait peut-être retravailler avec un producteur plus fort ou plus dur. Certains passages de ses tout derniers films sont vraiment dispensables à mes yeux, ils auraient mérité d'être "resserrés".
Pour Le château ambulant, je pense que c'est plutôt une question de scénario. Je trouve qu'il n'y en a pas (d'ailleurs, il l'avoue dans la dernière scène). Et ça m'a gêné. Malgré de nombreuses scènes hilarantes. Le tout ressemble à un patchwork sans queue ni tête.
Bref, de toute façon, je préfère ses films plus "légers"...
BOULET
J'ai découvert Miyazaki il y a une bonne dizaine d'années, je pense. Un magasin spécialisé dans le manga avait organisé une projection de 30 heures de dessins animés d'affilée. Au bout de la 20eme heure, je commençais à sérieusement piquer du nez quand Nausicaä de la vallée du vent a commencé : ça m'a réveillé aussi sec, je suis resté scotché jusqu'à la dernière seconde, après ça a enchaîné sur Laputa et en sortant de la salle j'étais déjà fan absolu.
Le lendemain j'ai été au magasin pour leur acheter ces deux oeuvres, j'en ai eu pour cent francs et je suis reparti avec Nausicaä, Laputa, Totoro et Kiki en version chinoise parce qu'aucune traduction n'existait encore (j'ai appris par la suite que les sous-titre pendant la projection avaient été faits par un étudiant japonais du quartier). Ce qu'il faut savoir c'est qu'à l'époque j'étais bourré de préjugés à l'encontre des mangas, pour moi, c'était tout juste du Goldorak, quoi. Mais j'avais en fait bloqué sur un extrait de Totoro qui était passé dans l'oeil du cyclone, une émission de l'époque ou Canal + se différenciait du reste des chaînes. En trente secondes j'avais senti une ambiance incroyable : c'était la scène ou les deux soeurs font pousser un arbre géant avec Totoro.
C'est pour leurs ambiances que ces dessins animés me fascinent: quand Miyazaki plante un décor, aussi improbable soit-il, on a l'impression qu'il pourrait vraiment exister. On sent presque les odeurs de ses vieilles maisons, on a aussi l'impression de ressentir le moindre souffle de vent. Quand j'ai vu Laputa au cinéma et que le personnage est sur le point de tomber à la fin, toute la salle se crispait sur son siège tellement l'effet de vertige est saisissant. Bref, tout y est juste: les sons, les mouvements (les attitudes des gamines dans Totoro ! N'importe qui ayant gardé des gamins les reconnaît...), les textures (la manière dont Chihiro aide le dieu de la rivière: les effets d'eau et de boue sont incroyables), et l'histoire est toujours riche, intense et intéressante.
En fait c'est ça qui m'a subjugué à cette projection : malgré tous mes préjugés, je n'arrivais pas à trouver quelque chose que j'aurais pu reprocher à ces films. La réponse est oui bien sûr, c'est grâce à ça que j'ai pu découvrir des dessins animés comme Goshu le violoncelliste, Le tombeau des lucioles ou Mes voisins les Yamada. J'ai particulièrement aimé ce dernier, qui était vraiment un ovni dans la réalisation et la narration: l'adaptation de strips à l'écran était un exercice assez périlleux, ainsi que le mélange des techniques et pourtant le film est une réussite totale.
D'une manière plus générale, ça m'a ouvert sur le reste de la production japonaise et permis de découvrir des films aussi divers que Perfect Blue, Ghost in the Shell, Jin-roh... Avant Miyazaki, le seul dessin animé japonais que j'avais vu était Akira.
Mon Ghibli préféré, je pense que c'est tout simplement Le voyage de Chihiro. Le scénario est peut-être moins riche que celui de Mononoké, mais sur le plan visuel, il est tellement abouti, tellement parfait...
Les personnages sont simples et attachants, et comme très souvent dans les Miyazaki, les méchants ne sont pas vraiment méchants, ou alors pas complètement... Les ambiances de chaque lieu sont bien senties, de la cave ou les petites noiraudes chargent le charbon jusqu'aux luxueux appartements de la sorcière...
Bref c'est vraiment le conte de fées comme on en avait quand on était petits : un univers décalé, terrifiant au premier abord, puis attachant, et tout finit bien. De plus on retrouve ici synthétisés tous les thèmes chers à Miyazaki: les Dieux, la magie, l'environnement...
Je sais qu'on a reproché à ce film d'être moins "intéressant" que Mononoké, plus fait "pour le plaisir": c'est justement ce qui fait qu'il emporte ma préférence.
Je pense être influencé par l'œuvre de Miyazaki. Raghnarok se passe dans la forêt, au milieu des arbres et des animaux... Difficile de ne pas subir dès lors l'influence des dessins animés!
A chaque visionnage d'un Miyazaki j'essaie de comprendre sa technique et d'en enrichir mon dessin. Mes dessins de liquides, notamment : les rivières, les lacs... J'adore dessiner l'eau, et Miyazaki est celui qui en fait les animations les plus convaincantes. Je me suis énormément inspiré de Princesse Mononoké ou du Voyage de Chihiro pour me perfectionner dans ce domaine.
Raclette mutante devant Mon Voisin Totoro par Boulet
Illustration de Boulet
Laputa feat. Futurama selon Boulet
BOUTLE Arnaud
Ma découverte du travail de Miyazaki a dû se faire avec Heidi, j'avais 6 ans ^^ (cyber-rire)
Non plus sérieusement, en 1991 j'ai découvert une illustration dans un magazine japonais en import. Je me suis dit "Woaw, ce truc est génial !" Il s'agissait de Totoro attendant le bus à coté de Satsuki... Cette image est longtemps restée un mystère pour moi (mon japonais est des plus basiques). Jusqu'au jour où l'univers de Miyazaki a commencé à filtrer autour de moi, avec d'abord la sortie en salle de Porco Rosso. Plus tard, j'ai enfin découvert qui se cachait derrière cet étrange monstre poilu dont la petite fille au parapluie ne semble pas avoir peur. Après la découverte de Totoro, alors que la japanime commençait à percer en France, j'ai très vite vu tous les longs métrages des studios Ghibli qui étaient déjà sortis au japon et je suis avec gourmandise chaque sortie en salle.
Ce qui m'a séduit à l'origine ? Ça : (!)
Et puis, « séduit » ? Ha ! ha ! Non, j'ai plutôt été conquis ! Pour moi cette image de Totoro restera emblématique de l'œuvre de Miyazaki. C'est difficile de parler des impressions, c'est indicible. Je crois qu'il y a d'abord un grand souci de la représentation des choses. Les layouts sont incroyables, et la justesse des gestes et des postures révèle un grand amour pour le genre humain. Mais au delà de l'aspect technique, ce qui m'a fait adhérer à ses films, c'est une certaine vision du monde, où le fantastique cohabite avec le monde réel et où l'enfant a une place centrale. Mais ce sont aussi des films d'aventures qui mettent en scène de vrai(e)s héro(ïnes) comme Hollywood a su en faire et comme on n'ose plus en proposer. Le cinéma de Miyazaki est intelligent et divertissant, pour l'adulte que je suis et l'enfant que j'étais...
En matière de connaissance des films Ghibli, comme je l'ai déjà noté plus haut, j'ai assez vite vu toute la production des studios. J'ai vu Le tombeau des Lucioles à sa sortie en salle et ça a été assez traumatisant pour moi ^^. C'est encore plus vrai aujourd'hui, alors que j'ai trois petites filles ; je suis incapable de regarder ce film en entier. Il est incroyable de penser que Totoro et Le Tombeau ont été produits en même temps ! Les deux films sont de mon avis les deux faces de la vision du monde qu'ont toujours eu les studios Ghibli. Kondo était le pont entre Miyazaki et Takahata, il suffit de regarder Mimi pour s'en rendre compte. Ce gars aurait pu dépasser les deux autres. La perte est immense. Takahata fait des films peut être moins ouvert aux occidentaux... Et encore, je crois surtout qu'il propose une vision de l'enfant sans ses parents, une vision plus directe. Dans Umi Ga Kikoeru, les parents ne font simplement pas partie de l'histoire, idem dans Goshu et ne parlons pas du Tombeau... Il y a pourtant deux exceptions qui à mes yeux sont d'aussi bons films que le Tombeau et que je peux revoir avec plaisir ;-) il s'agit de Mes Voisins les Yamadas et Omohide Poroporo dont la scène finale vaut bien le générique de fin de Totoro. C'est quand même bizarre cette manie qu'ont les japonais de finir leurs histoires dans le générique de fin, et c'est assez audacieux de mettre le dénouement dramatique d'une histoire dans la dernière minute d'un film... Car voir Totoro sans le générique de fin, c'est rester dans l'expectative du retour de la mère à la maison. Tout comme pour Taeko qui choisi son destin à la toute fin du film. Cette scène reste pour moi une des plus belles du cinéma d'animation. A ceux qui n'ont pas vu Omohide Poroporo : IL FAUT LE VOIR ! Ce film est un chef d'œuvre ! Pour Le château Ambulant, je pense qu'il est toujours extrêmement difficile d'adapter un roman (et j'en sais quelque chose). Au final, je crois que le scénario du film a peut être subi une production trop rapide. Le film est inégal, mais bien des scènes sont incroyables...
Maintenant, si l'on me demande quel film je préfère, je dirai que n'aime pas cette question, elle m'oblige à faire un choix cornélien. Non le meilleur, c'est le prochain que je vais revoir...
Quant à savoir si je suis influencé par le travail de Miyazaki, concrètement, je ne pense pas dans la forme, même si je ne peux m'empêcher de mettre des "clins d'yeux" dans mes albums. Cependant, j'ai beaucoup d'estime pour son amour des choses et sa vision. Pour moi, ça c'est un exemple à suivre. Et puis savoir si ce grand artiste a encore des choses à dire... Il y a toujours la crainte qu'un grand maître finisse par radoter. Mais un vieux cochon comme lui doit avoir encore bien des idées qui traînent et des pistes inexplorées. Miyazaki est un raconteur d'histoires avant d'être un dessinateur, contrairement à Otomo par exemple qui raconte toujours la même chose au final... Et un Miyazaki sera toujours meilleur qu'un Disney. Même en 3D. ^^ En plus il faudrait aussi parler de Suzuki, l'homme de l'ombre et sans lui, les studios Ghibli n'existeraient pas aujourd'hui. Les producteurs comme lui sont rares. Il sait juger du travail de Miyazaki et si ça cloche il sait le lui dire ! Tant que Toshio Suzuki sera derrière les studios on peut parier qu'il y aura encore de bons Ghibli. Et puis il y a Morita qui est là pour poursuivre l'esprit des deux maîtres. Ce gars est jeune et il va progresser !
Hommage à Miyazaki et à l'impressioniste Morisot réalisé pour ce dossier (cliquer sur l'image)
Pour finir, juste un petit mot sur l'exposition Miyazaki / Moëbius qui a eu lieu au Musée de la Monnaie de Paris : ma foi, pour moi, c'était la concrétisation d'une rencontre entre les deux grands. C'est évident que leurs travaux se sont influencés mutuellement, l'un et l'autre ont dû pas mal regarder le boulot de celui d'en face... Mais l'expo ressemblait à un truc branchouille... Bien sûr, c'est bien de faire des choses autour de Miyazaki, on n'en fera jamais assez, mais quand même, il y avait peu de choses. Enfin je devais trop en attendre. Il faudra que j'aille au Musée Ghibli !
Toutes les illustrations sont © Arnaud Boutle, auteur de la série Pinnochio chez Paquet.
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