Hayao Miyazaki honoré par les Academy Awards (+ entretien)
Hayao Miyazaki a reçu samedi un Oscar d'honneur pour l'ensemble de son œuvre. C'est la première fois que le réalisateur se rend à une cérémonie des Oscars (il n'était pas venu recevoir son Oscar du meilleur film d'animation pour Le voyage de Chihiro) et le public l'a gratifié d'une standing ovation.
Le LA Times a profité de sa venue pour lui poser quelques questions sur sa retraite et l'avenir du studio Ghibli. Extraits.
Félicitations pour votre Oscar d'honneur. Qu'est-ce que les récompenses signifient pour vous à ce stade de votre carrière ?
Jamais je ne voudrais faire partie d'un jury pour choisir qui doit recevoir une récompense. Je n'aime pas les classements. J'ai une sorte de dégoût pour ce genre de chose.
La dernière fois que nous nous sommes entretenus, votre film Le vent se lève était sur le point de sortir aux Etats-Unis et vous veniez d'annoncer votre retraite. A quoi vous occupez-vous maintenant ?
Je suis très occupé. Je vais dans mon atelier tous les jours, et on me sollicite beaucoup, alors je travaille sur ces sujets. Par exemple, j'ai un ami qui s'est rendu à Fukushima pour aider les enfants là-bas, en leur obtenant une aire de jeu et un endroit où ils peuvent passer du temps. On me demande de faire un graphique pour cet endroit, de dessiner des plans pour ce type d'installation. On me sollicite aussi pour le musée Ghibli, avec parfois de nouvelles images à fabriquer pour les expositions. Et il y a enfin mon hobby personnel, qui est de dessiner un manga. Je n'ai pas encore réussi à le terminer, je me disperse dans toutes les directions.
Plus tôt cette année, certains ont cru comprendre que le studio Ghibli arrêterait de faire de nouveaux films. Est-ce le cas ?
Pour le moment, nous ne faisons pas de nouveau film. Je pense que nous ne ferons plus de films destinés au cinéma. Ce n'était pas mon intention, pourtant. Tout ce que j'ai annoncé est que je me retirais et arrêtais de faire des longs métrages.
Il n'y a pas une nouvelle génération au studio qui pourrait reprendre le flambeau après vous et votre confrère Isao Takahata ?
Cela dépendra de leurs efforts et s'ils ont la possibilité, la chance de pouvoir faire des films.
Pensez-vous que l'animation dessinée à la main perdurera, au studio Ghibli ou sinon ailleurs ?
Si les créateurs ont l'intention de faire de l'animation dessinée à la main, ils auront certainement des opportunités pour le faire. Ce qui risque de poser des difficultés seront les considérations financières. Je pense que l'ère du crayon, du papier et de la pellicule arrive à son terme.
Pouvez-vous me parler du manga sur lequel vous travaillez ?
C'est quelque-chose que je voulais faire quand j'étais étudiant. C'est à propos des samouraïs du 16ᵉ siècle, qui s'affrontaient en armures. Je ne suis pas satisfait de la façon dont cette époque a été représentée dans la fiction et le cinéma, donc je voulais dessiner quelque-chose qui reflète l'époque telle que je me la représente. Le grand réalisateur Akira Kurosawa a tourné ses films dans de grands espaces ouverts comme des terrains de golf, et il n'y avait pas ces grands espaces ouverts au Japon.
Regardez-vous les films des autres studios d'animation ?
Je ne suis pas un spectateur assidu. Je préfère les paysages que je vois quand je me promène.
Quand êtes-vous venu en Californie la dernière fois ?
Je m'y suis rendu plusieurs fois, pas forcément de ma propre initiative. On m'a toujours demandé de me montrer. Une fois c'était pour la sortie du Voyage de Chihiro aux Etats-Unis, et j'y suis également allé avant la sortie de Ponyo. Cette fois, John Lasseter m'a invité chez lui. C'est un ami très cher, donc je suis impatient d'aller le voir.