Mis à jour : lundi 12 septembre 2022

Autres longs métrages Tôei Dôga

Je vous propose de passer à deux nouveaux extraits tirés du Chat botté, un film de 1969, et Les joyeux pirates de l'île au trésor, de 1971.

Si vous comparez ces deux extraits à ce qu’on a pu voir de Horus, vous comprenez immédiatement que ces deux projets sont plus inscrits dans la logique du cartoon et du slapstick, dans une forme de comédie. En effet, la recherche très perfectionniste d’une forme de justesse sur tous les éléments en jeu dans Horus avait laissé les animateurs complètement épuisés. On avait cette joie d’avoir réussi à donner forme au film mais nous étions en même temps lessivés... Et donc, ces deux projets, l’un après l’autre, nous a permis de nous libérer de cette fatigue et de laisser libre cours à une forme de libération intérieure. En bref, nous nous sommes fait plaisir !

C’est Yasuji Mori qui a conçu les personnages du Chat botté, l’un des très grands animateurs dès les débuts de la Tôei et notre mentor à tous. Je vous invite notamment à prêter attention aux expressions de la princesse Rosa.
Au moment de travailler sur Horus, M. Takahata voulait créer Hilda, le personnage de la sœur cadette du démon Grunwald. Il avait demandé à tous les animateurs de lui faire des propositions. Ce que j’ai proposé était un personnage très clairement inscrit dans une logique démoniaque. Mais M. Takahata voulait un personnage beaucoup plus ambiguë et ambivalent, tiraillé et porté par une psychologie humaine. Mais personne n’a réussi à dessiner un personnage qui lui convienne. Et finalement, il est allé chercher ce grand vétéran qui est Yasuji Mori et qui fut le seul à lui proposer un personnage qui a convaincu M. Takahata et porté le film.

Le second extrait est tiré d’une version de L'île au trésor d’après Stevenson où (presque) tous les personnages ont une forme animalière. C’est le moment où le personnage de Jim part pour cette quête au trésor.
Nous avions besoin de créer une forme pour dépeindre la mer, presqu’un personnage principal du récit, qui posait un défi. Nous aurions pu rester inscrit sur la forme très réaliste que nous avions sur Horus, mais c’était un travail considérable et très difficile pour les animateurs. Et le réalisateur, M. Hiroshi Ikeda, qui est également quelqu’un de notre promotion, entré en 1959 à Tôei, m’a accordé un mois de délais pour réfléchir à une forme et une manière de simplifier les vagues pour permettre à toute l’équipe de travailler sur l’image, et en même temps qui convienne à la légèreté du récit. J’ai donc joué sur la transparence pour que ce soit accessible à tous les animateurs. C’est cette énergie, comme une libération qu’avait représenté le poids du travail précédent, qui, je crois, a donné naissance à la représentation que vous avez vu dans l’extrait.